Maladies vasculaires : un hôpital à la maison

06 octobre 2016

Pour limiter le temps passé à l’hôpital et améliorer les taux de survie chez les patients atteints de pathologies vasculaires, certaines équipes médicales jouent la carte du numérique. Exemple avec le projet e-VA, présenté à l’occasion des 21èmes Journées d’ingénierie biomédicale, organisées à Nantes du 21 au 23 septembre 2016.

Des membres inférieurs au coeur jusqu’à la sphère neurologique, les pathologies vasculaires se disséminent dans l’ensemble des vaisseaux sanguins de l’organisme. Logiquement, le diagnostic et le traitement prodigué aux patients fait appel à plusieurs spécialités. Et donc à une forte coordination entre médecins. Pour faciliter ce travail en réseau, le CHU d’Angers et des bioingénieurs rennais ont mis au point le projet e-VA. Au cœur de cette idée, « le numérique, alimentant la chaîne du diagnostic à la prescription en passant par la surveillance… le tout à distance », explique le Pr Pierre-Marie Roy, chef de service du Centre vasculaire et de la coagulation au CHU d’Angers. Pour relier le domicile à l’hôpital, le projet e-VA repose sur :

  • Un dossier de santé e-VA : grâce à ce carnet de santé numérique, le patient peut suivre tous ses bilans médicaux, bénéfique pour l’adhésion thérapeutique. De leur côté, les spécialistes et le médecin traitant disposent de toutes les données et peuvent échanger à distance. « Les mauvaises interactions entre médicaments sont aussi inscrites dans ce dossier partagé pour éviter tout risque iatrogène » ;
  • Un avatar empathique : sur cette même interface, chaque patient crée son propre avatar. Ce personnage s’affiche lors de la consultation à distance avec le médecin. Sa particularité, il est capable d’exprimer les émotions du visage du patient grâce à une caméra. « Entrer dans la dimension des émotions réelles au cœur d’un échange virtuel » injecte de l’empathie dans l’échange, idéal pour une meilleure interaction. « L’objectif à terme étant de développer cet avatar pour en faire un serious game», ces programmes consistant à traiter un sujet sérieux comme la santé sous un angle ludique.

Autres supports, la visualisation du patient 4D, ce dispositif de diagnostic partagé donne un aperçu réel de l’état de santé du patient. A l’image de Skype, un outil de télétransmission permet la consultation du patient via écran interposé avec son médecin. Et les différents spécialistes restent aussi connectés entre eux pour des expertises à distance. Enfin, grâce à des capteurs connectés, les données physiologiques et les paramètres vitaux du patient à domicile sont mesurés, enregistrés et transmis en instantané.

Des obstacles face au numérique ?

« Ces innovations numériques s’implantent progressivement dans les établissement de santé français. Mais les financements comme les évolutions des pratiques sont encore trop timides », explique le Pr Pierre-Marie Roy. « Aujourd’hui il faut déployer toutes les ressources pour renforcer la sécurité du stockage et du transfert des données personnelles. Mais aussi développer la tarification des consultations à distance, processus qui fait actuellement ses premiers pas ». Le point névralgique étant de réaliser à quel point « ces innovations numériques génèrent d’importantes sources d’économies sur les court, moyen et long termes ».

A titre d’exemple, un patient prise en charge pour une embolie pulmonaire reste en moyenne 13 jours à l’hôpital si le numérique n’est pas intégré dans son suivi. Soit le délai nécessaire pour équilibrer les traitements. Pour la même pathologie et un degré de sécurité équivalent, un patient passe une journée à l’hôpital suivie d’une surveillance à domicile grâce à la télémédecine.

A noter : Conséquence directe du vieillissement de la population, l’incidence des pathologies cardiovasculaires ne va pas en s’améliorant. Principaux facteurs de risque, le surpoids et le tabagisme favorisant la survenue d’embolies pulmonaires et de symptômes post-thrombotiques.

  • Source : 21e Journées d’ingénierie biomédicale, organisée à Nantes du 21 au 23 septembre 2016. Intervention du Dr Pr Pierre-Marie Roy, chef de service du Centre vasculaire et de la coagulation au CHU d’Angers

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

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