Maternité : la France, un élève moyen ?
26 novembre 2018
Coffeemill /shutterstock.com
Comparée à la moyenne européenne, la France pratique un taux moindre de césariennes. En revanche, le tabagisme pendant la grossesse et la mortalité des nouveau-nés restent les points noirs du tableau. Des données révélées par le rapport Euro-Peristat publié par l’Inserm ce 26 novembre.
Ce 26 novembre, l’Inserm publie le 3e volet du rapport Euro-Peristat, la suite donc des deux premières évaluations diffusées en 2004 et 2010. Mené à l’échelle européenne, ce projet rassemble les statistiques de 31 pays* sur la santé périnatale en 2015.
« Avec 1 césarienne pour 5 naissances en 2015 (20,2 %), la France se situe au 7e rang sur 31 pays, ce qui la classe dans le groupe de pays ayant des taux bas », nous apprennent les chercheurs de l’équipe Epopé du Centre de recherche épidémiologie et statistique. Depuis 2010, cette donnée se stabilise en France alors que le recours à la césarienne tend à prendre de l’ampleur dans 17 des 31 pays européens. Avec 7,1% des naissances avant terme, les chiffres de la prématurité restent stables en France depuis 2012.
La nouveauté du rapport 2016 ? Des données sur la santé de l’enfant, « renseignées à partir des statistiques hospitalières (ou PSMI) ». Ce relevé exhaustif permet de gagner en précision. Jusqu’ici, « ces indicateurs étaient documentés par un échantillon représentatif de l’ensemble des naissances, issu des Enquêtes nationales périnatales ».
3 enfants mort-nés pour 1 000 naissances
La mortalité autour de la naissance reste « globalement basse en France comme dans les autres pays européens ». En revanche, le nombre d’enfants mort-nés (mortinatalité) en France dépasse la moyenne européenne. Ainsi, l’Hexagone se classe au 21e rang avec 3 décès pour 1 000 naissances, après exclusion des interruptions médicales de grossesse. Les données ne sont pas plus rassurantes concernant les décès rapportés un mois après l’accouchement. Cette mortalité néonatale représente « 2,4 pour 1 000 naissances vivantes », ce qui place la France au 23e rang de la classe européenne.
La cigarette et les mamans de plus de 35 ans…
A ce jour, aucun lien de cause à effet direct n’explique cette mortalité élevée. Pour mieux comprendre ce triste phénomène, « il semble nécessaire d’analyser la situation en France de manière approfondie, comme le fait actuellement le Royaume-Uni dans un programme spécial d’analyse des statistiques existantes et d’audits abordant successivement différentes catégories de décès », réagit Béatrice Blondel, représentant la France dans le comité scientifique du projet Euro-Peristat.
Mais certains facteurs restent tout de même mis en cause. C’est le cas du vieillissement de la population des futures mamans : en France, 20,6% des femmes qui accouchent ont 35 ans et plus. Enfin, au 3e trimestre de la grossesse, un tabagisme est observé pour 16,3% des femmes enceintes. Un fléau qui passe la France au 22e rang en Europe, « alors que la tendance est à la baisse dans presque tous les autres pays ».
* 28 pays membres de l’Union Européenne, plus l’Islande, la Norvège et la Suisse