Médecins influenceurs, faut-il les croire sur parole ?
30 janvier 2025
Après les pionniers comme Michel Cymes dans Le Magazine de la santé, de nouveaux visages émergent, à l'image de Jimmy Mohamed et ses deux millions de followers sur Instagram, ou encore Marine Lorphelin, Miss France 2013 et médecin, avec 1 million d’abonnés. Leur statut de médecin incite à leur faire confiance. Vraiment ? Le Conseil de l'Ordre des médecins publie une charte encadrant la responsabilité des médecins créateurs de contenu. Sur quels critères accorder sa confiance ?
Présents sur Instagram, TikTok, Facebook, YouTube et X, des médecins, infirmiers, kinésithérapeutes et pharmaciens s’imposent parmi les influenceurs santé. La crise du Covid-19 a renforcé une tendance déjà bien présente. Leur expertise inspire naturellement confiance…?
Face aux fake news, une information fiable, éthique et accessible au public
Entre recommandations déguisées et partenariats commerciaux discutables, les dérives se multiplient, notamment chez la nouvelle génération de médecins influenceurs, sans toujours mesurer les implications de leurs publications, regrette le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom).
Pour contrer la désinformation et encadrer les pratiques trompeuses, le Cnom vient de mettre en place une charte déontologique : la “charte du médecin créateur de contenu en ligne“, conçue avec le concours de 5 médecins influenceurs (Dr Nawale Hadouiri – @dr_nawell2.0, ou encore Dr Audrey Perret, créatrice de la chaîne YouTube Dermato Drey, etc.) et YouTube. Un enjeu qui nous concerne tous, en tant que public, lecteurs ou auditeurs, sur les réseaux sociaux ou dans les podcasts. L’objectif : une parole des médecins crédible face aux influenceurs non-médecins, une information rigoureuse et accessible. Dans le respect du code de déontologie.
A quoi faire attention en tant que public ?
Dix principes fondamentaux ont été fixés, que les médecins créateurs de contenu doivent respecter. À nous d’être vigilant et de vérifier si ces règles sont suivies, un gage de fiabilité.
– Le médecin ne doit pas recourir à des moyens payants pour améliorer le référencement de son contenu et doit clairement mentionner ses partenariats dans ses publications.
– Le titre de “docteur” peut figurer dans le pseudonyme si l’influenceur détient effectivement ce titre. Pour en vérifier l’authenticité, il suffit de consulter le site du Conseil national de l’Ordre des médecins. De son côté, le médecin influenceur doit informer l’Ordre de son activité de communication.
– En tant que médecin, il doit fournir du contenu pédagogique destiné à ses confrères sur les réseaux sociaux et plateformes, mais également proposer des informations médicales et scientifiques vulgarisées, ou tout autre contenu lié à la santé, lorsqu’il s’adresse au grand public. Et rien d’autre !
– Les informations doivent être mises à jour, datées, accompagnées de sources médico-scientifiques accessibles, explicites et détaillées. De la transparence dans les contenus publiés !
– Le médecin ne doit pas délivrer de conseils médicaux « personnalisés » sur les plateformes et réseaux. C’est d’ailleurs interdit. Il ne fait pas du cas par cas, ses messages doivent être d’ordre général.
– Les pratiques ou thérapeutiques promues par le médecin influenceur doivent impérativement être validées scientifiquement. Par conséquent, il s’engage « à ne faire ou à n’encourager la promotion d’aucune pratique ou thérapeutique non validée scientifiquement ».
– Le médecin influenceur ne doit pas mettre en avant sa propre activité et pratique médicale. Tout détail (lieu, particularités d’exercice, etc.) concernant son activité médicale est prohibé.
– Si le médecin influenceur promeut des produits de santé, des médicaments ou des dispositifs médicaux, méfiez-vous ! C’est suspect, car un médecin ne doit en aucun cas vous vendre ou vous inciter à acheter quoi que ce soit.
– Des propos mesurés, des contenus réfléchis et des interactions prudentes avec le grand public sont gage du sérieux du médecin influenceur. Affirmations péremptoires, ton agressif ou affirmatif, vérité assénée sans explication… passez votre chemin !
– Il doit être possible d’identifier rapidement la qualité du médecin et ses diplômes. Il s’engage en effet à avoir utilisé « tous les moyens que les réseaux sociaux et plateformes mettent à disposition aux médecins pour s’identifier en tant que médecin », pour indiquer ses « qualifications médicales reconnues par l’ordre » et pour qualifier son contenu de « contenu de santé ». En bref, un contenu transparent et fléché.
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Source : « Une charte du médecin créateur de contenu responsable », mis en ligne le jeudi 16 janvier 2025 par Conseil national de l'Ordre des médecins
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet