Mélanome avancé : l’espoir des vaccins à ARNm
06 janvier 2023
Cela fait maintenant deux ans, à la faveur de la pandémie de Covid-19, que l’expression « vaccin à ARNm » est entrée dans le langage courant. Mais c’est dans les laboratoires consacrés à la recherche contre le cancer que cette technologie est née. Et constitue désormais un véritable espoir contre le mélanome, un cancer de la peau de sombre pronostic.
Les essais de phase III devraient démarrer cette année et durer environ trois ans, a récemment annoncé le laboratoire américain Moderna, associé à son compatriote Merck dans un traitement pionnier contre le cancer. Un traitement notamment basé sur la technologie à ARN messager et destiné aux patients atteints de mélanomes de stade avancé, le cancer de la peau le plus agressif.
Les résultats des essais de phase II communiqués par les laboratoires sont prometteurs : après résection complète du mélanome, l’injection du vaccin anticancéreux expérimental à ARNm personnalisé couplée au médicament anticancéreux Keytruda® (pembrolizumab) a « réduit le risque de récidive ou de décès de 44% », par rapport au médicament anticancéreux seul. Des résultats qui devront être confirmés lors des essais cliniques de phase III, et sur une plus grande échelle : l’étude n’a porté que sur environ 150 patients.
Le laboratoire Moderna n’est pas le seul à travailler sur cette piste. La biotech allemande BioNTech, connue pour son association avec Pfizer pour la conception des vaccins anti-SARS-CoV-2, est également engagée dans la course au traitement contre les mélanomes avancés grâce aux vaccins à ARNm personnalisé.
ARNm personnalisé
Pourquoi un tel engouement pour l’ARNm ? Parce que le Covid a permis de donner un grand coup d’accélérateur au développement de cette technologie qui a d’abord intéressé les spécialistes engagés dans la recherche contre le cancer, dès les années 60.
En effet, les cellules cancéreuses étant nos propres cellules, elles ne sont pas reconnues comme anormales par le système immunitaire, qui les laisse donc proliférer. Mais les chercheurs ont découvert que les cellules malades présentaient des protéines différentes sur leur surface. La technologie ARN consiste donc à identifier, isoler et utiliser ces éléments susceptibles d’activer le système immunitaire.
Dans le cadre du cancer, l’ARNm agit en réalité comme un médicament car on l’injecte lorsque le cancer est déjà apparu : il informe alors le système immunitaire de la présence de cellules cancéreuses et celui-ci s’active en produisant des anticorps spécifiquement dirigés contre la tumeur du patient. C’est pour cela que l’on dit des vaccins en phase de test qu’ils sont « à ARNm personnalisé ». Et qu’ils semblent, a priori, plus efficaces.
A noter : Outre le mélanome, les thérapies à base d’ARN messager sont également testées dans d’autres programmes de recherche. La technologie est à l’essai pour les cancers de l’ovaire, de la prostate, du rein, du pancréas… En France, la Ligue contre le cancer finance plusieurs projets utilisant la technologie ARN pour développer des traitements innovants contre les cancers du poumon, les cancers colorectaux et la leucémie.