Même à petites doses, le cannabis s’en prend au cerveau
17 avril 2014
Le cannabis est la première substance illicite consommée par les adolescents. ©Phovoir
« Un petit joint de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal ». Voilà un discours très largement répandu parmi les fumeurs occasionnels de cannabis. Pourtant, des chercheurs américains viennent de mettre en évidence qu’une consommation, même « récréative », était liée à des changements majeurs au niveau du cerveau.
La consommation de cannabis est souvent associée à une déficience de la motivation, l’attention, l’apprentissage et la mémoire. Une exposition répétée altérant les zones cérébrales liées à ses fonctions. Mais qu’en est-il d’une consommation occasionnelle ?
C’est pour répondre à cette question qu’une équipe de l’Université Northwestern (Illinois) a recruté 40 volontaires âgés de 18 à 25 ans. La moitié consommait de la marijuana, tandis que l’autre ne fumait pas. Grâce à différentes techniques d’imagerie, les chercheurs ont observé l’impact d’une consommation « festive » de cannabis (une à deux fois par semaine) sur deux régions cérébrales : le noyau accumbens (impliqué dans les émotions) et l’amygdale (qui joue un rôle dans la motivation). Plus précisément, ils ont analysé le volume, la forme et la densité de la matière grise pour obtenir une vue d’ensemble de la façon dont chaque région était affectée.
Résultat, des changements dans la structure du cerveau ont bien été observés, et ce même chez les « petits » fumeurs. En fait, les scientifiques ont constaté que le degré d’anomalies cérébrales dans les deux régions était directement lié au nombre de joints fumés.
« La consommation de marijuana, même modérée peut donc provoquer des changements dans l’anatomie du cerveau », explique le Dr Carl Lupica de l’Institut national américain sur l’abus des drogues. « Une découverte d’importance car jusqu’ici, les études portaient sur les consommateurs réguliers ». De quoi tordre le cou à l’idée largement répandue selon laquelle le cannabis est une drogue inoffensive.
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Source : Journal of Neuroscience, 16 avril 2014
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet