Ménopause : en Grande-Bretagne, la fin d’un tabou
30 juin 2022
Si vous êtes adepte des réseaux sociaux, peut-être avez-vous déjà croisé ce hashtag : #makemenopausematter (« donnons de l’importance à la ménopause »). Né en Grande-Bretagne, ce mouvement entend briser le tabou de la ménopause et revendique un meilleur accès aux traitements hormonaux substitutifs. En France, leur usage est strictement encadré.
Sur Instagram et sur Twitter, les témoignages autour de la ménopause fleurissent régulièrement depuis cinq ans. En anglais pour la plupart, car c’est en Grande-Bretagne que le mouvement est né en 2017, à la suite de la diffusion de l’interview d’une journaliste sur sa propre expérience de la ménopause qu’elle avait au départ pris pour une « simple » dépression, faute d’information.
Nombre de femmes se sont reconnues dans l’exposé de ses symptômes : sueurs nocturnes et bouffées de chaleur bien sûr, mais aussi anxiété, maux de tête, irritabilité, brouillard mental… La parole s’est rapidement libérée, selon l’expression consacrée, et davantage encore trois ans plus tard à la faveur d’une série de documentaires produits par une autre star de la télévision britannique.
Depuis, des pétitions, des associations ont été lancées. Elles revendiquent, entre autres, une meilleure formation des soignants, une meilleure information des employeurs (et des conjoints), et un meilleur accès aux traitements substitutifs hormonaux.
Risque de pénurie
Relayée par plusieurs célébrités internationales, cette demande a fait exploser les prescriptions de ces traitements en Grande-Bretagne : de moins de 250 000 par an en 2017 à plus de 500 000 aujourd’hui, selon des chiffres de The Guardian. Au point que pour certains d’entre eux, le risque de pénurie est réel. Autre problème : s’ils saluent la levée du tabou et reconnaissent que ces traitements peuvent soulager certaines femmes des symptômes de la ménopause, de nombreux médecins s’inquiètent.
Citée par The Guardian, le Dr Heather Currie, ancienne présidente de la British Menopause Society et gynécologue au National Health Service, rappelle que « les femmes sont affectées de manière totalement différente. Les symptômes, leur gravité et l’impact qu’ils peuvent avoir varient énormément ». En clair, les traitements hormonaux de la ménopause (THM) comme on les appelle en France, ne conviennent pas à toutes les femmes. Chez nous, leur usage est très strictement encadré.
En France, dose minimale et durée limitée
Ainsi, en 2014, la Haute autorité de Santé a finalement maintenu le remboursement de ces traitements, après réévaluation du service médical rendu. Mais elle est restée très stricte quant à leur utilisation, en recommandant à la fois des doses minimales et une durée limitée d’utilisation. Les THM peuvent ainsi être proposés par le médecin ou le gynécologue aux femmes dont la ménopause entraîne des troubles qui altèrent la qualité de vie familiale, sociale et professionnelle, aux femmes dont la ménopause est précoce (avant 40 ans) et afin de prévenir la perte de densité osseuse qui conduit à l’ostéoporose.
De plus, « le traitement doit être réévalué au moins une fois par an en prenant en considération l’évolution possible du rapport bénéfice/risque individuel ». Pourquoi une telle prudence ? Parce que s’ils sont efficaces sur les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale et en prévention de l’ostéoporose, les THM sont associés à un surrisque de cancers féminins (sein, endomètre, ovaire), de maladie thromboembolique veineuse et d’accident vasculaire cérébral.
A noter : avant d’envisager un THM, le médecin commence par suggérer d’observer quelques mesures hygiéno-diététiques comme l’arrêt du tabac, une consommation très modérée d’alcool, une alimentation diversifiée et une activité physique régulière. Cela peut parfois suffire à atténuer considérablement les symptômes.
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Source : The Guardian, Haute autorité de Santé, ameli.fr - 31 mai 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet