Métapneumovirus humain : 8 questions sur le MPVh qui sévit en Chine

09 janvier 2025

Avec la grippe saisonnière, le métapneumovirus humain (MPVh ou HMPV) est l’autre virus respiratoire dont on parle beaucoup en ce début d’année. Le nombre de cas grimperait en flèche ces dernières semaines en Chine, dans le nord du pays. Qu’est-ce que ce virus et faut-il s’en inquiéter ?

Que se passe-t-il en Chine ?

Cinq ans après l’apparition du Covid-19 à Wuhan, les réseaux sociaux s’enflamment en ce début d’année 2025 d’une nouvelle épidémie due à une infection respiratoire, le métapneumovirus humain (MPVh). Alors que des images d’hôpitaux bondés et des rumeurs d’état d’urgence ont circulé, la situation s’éclaircit depuis la mise au point de l’Organisation mondiale de la Santé, mardi 7 janvier. Ainsi, selon l’OMS, le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (ou CDC chinois) évoque dans son rapport du 2 janvier 2025 « une augmentation d’un certain nombre d’infections respiratoires courantes dans le pays, comme on peut s’y attendre pendant l’hiver ». Les chiffres se situeraient d’ailleurs « dans fourchette habituelle pour la saison hivernale ». Pékin signale que « le taux d’hospitalisations est actuellement inférieur à celui de l’année dernière à la même époque, qu’aucune déclaration d’urgence n’a été faite et qu’aucune mesure n’a été prise ».

Quels virus sévissent actuellement en Chine ?

Selon les données chinoises, rappelons que la Chine dispose d’un système de surveillance sentinelle pour les syndromes grippaux et infections respiratoires aiguës sévères, les virus qui sévissent actuellement sont : le virus de la grippe saisonnière, le virus respiratoire syncytial (VRS), le HMPV, et le SARS-Cov-2.

Les autorités précisent que le virus de la grippe saisonnière est de loin le virus le plus courant actuellement et en nette augmentation. Toutefois, le métapneumovirus est lui aussi à l’œuvre. « Le taux de positivité du MPVh chez les enfants de 14 ans et moins a montré une tendance à la hausse », a indiqué Kan Biao, responsable des maladies infectieuses au CDC chinois, lors d’une conférence de presse.

Qu’est-ce que le métapneumovirus ?

On le connaît peu mais le métapneumovirus n’est pas un nouveau virus. Selon l’OMS, le métapneumovirus a été identifié pour la première fois en 2001 aux Pays-Bas. Toutefois, selon les experts, le virus pourrait circuler depuis le milieu du XXe siècle déjà. La situation est donc bien différente que lors du Covid-19, lorsque les autorités sanitaires étaient confrontées à un virus inconnu, auquel l’Homme n’avait jamais été exposé.

Ce virus, qui sévit le plus souvent en hiver et au début du printemps, appartient à la famille des pneumoviridae, famille à laquelle appartient également le VRS. Selon le CDC des Etats-Unis, il représente une cause importante d’infection des voies respiratoires supérieures et inférieures.

Est-ce la première alerte concernant ce virus ?

En 2023, le métapneumovirus humain avait affolé les Etats-Unis. Le nombre de tests positifs au MPVh était alors supérieur de 36 % par rapport au pic moyen pré-pandémique. A son pic, à la mi-mars 2023, ce virus enregistrait 11 % de tests positifs contre seulement 7 % habituellement.

Le Dr. John Williams, pédiatre à l’Université de Pittsburgh, déclarait à l’époque : le MPVh « est le virus le plus important dont vous n’ayez jamais entendu parler ». Interrogé par CNN, il a passé sa carrière à rechercher un vaccin et un traitement contre le HMPV. Selon lui, il est aussi présent et potentiellement grave que le VRS (responsable de la bronchiolite notamment) et que la grippe. « Ce sont les trois grands virus, chez les enfants et les adultes, les plus susceptibles d’envoyer des personnes à l’hôpital et de provoquer des maladies graves, les plus susceptibles de rendre les personnes âgées vraiment malades et même de les tuer », expliquait-il à CNN.

Pourquoi les enfants sont-ils davantage touchés ?

Avoir contracté la maladie une première fois ne confère pas d’immunité et il est possible d’être infecté plusieurs fois au cours de la vie. Toutefois, la maladie étant plus sévère lors de la première infection, les enfants présentent effectivement des symptômes plus graves. Ainsi selon une étude publiée en 2021 dans The Lancet global health, en 2018, entre 10 et 20 millions d’enfants de moins de 5 ans auraient été contaminés au HMPV dans le monde. Il serait responsable, pour cette même année, de 643 000 hospitalisations et 16 100 décès.

Les enfants ne sont pas les seuls à être davantage exposés.  « Les plus jeunes et les plus âgés sont les plus exposés, ainsi que les personnes immunodéprimées, c’est-à-dire celles dont le système immunitaire est affaibli », a précisé Margaret Harris, porte-parole de l’OMS. « Les personnes appartenant à un groupe à risque, comme les personnes âgées ou immunodéprimées, doivent consulter un médecin si elles se sentent malades », ajoute l’OMS.

Comment se transmet le métapneumovirus ?

Le virus se transmet d’une personne infectée à l’autre par les gouttelettes projetées lors de la toux et des éternuements. Mais aussi « lors d’un contact personnel étroit, comme le fait de se toucher ou de serrer la main, le fait de toucher des objets ou des surfaces sur lesquels se trouvent les virus, puis de se toucher la bouche, le nez ou les yeux », précise le CDC des Etats-Unis.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes généralement associés au MPVh sont ceux du rhume : toux, respiration sifflante, nez qui coule, mal de gorge, congestion nasale et essoufflement. Les complications sont similaires à celles des autres virus responsables d’infections respiratoires : bronchite et pneumonie. Après 3 à 6 jours d’incubation, la durée de la maladie dépend de sa gravité et reste similaire à celle des autres virus respiratoires.

Il n’existe pas de vaccin ni de traitement antiviral spécifique contre ce virus. Les traitements visent à soulager les symptômes.

Comment prévenir la propagation du virus ?

Les gestes barrières sont préconisés pour prévenir la transmission du MPVh :

  • rester chez soi si on est malade ;
  • se laver souvent les mains avec de l’eau et du savon ;
  • porter un masque dans les lieux fréquentés et/ou mal ventilés.
  • Source : OMS, CDC Etats-Unis, The Lancet Global Health, CNN

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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