











Accueil » Médecine » Maladies digestives » MICI : la gomme de cellulose dans le collimateur
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Crème fraîche, gâteaux, crème glacée, brioche, boissons sucrées, chewing-gums… Voilà quelques-uns des produits transformés dans lesquels on trouve le carboxyméthylcellulose (CMC) dans sa version alimentaire (il est également présent dans certains dentifrices). Un additif couramment utilisé depuis les années 60 pour améliorer la texture et prolonger la durée de conservation de ces produits. L’UFC-Que Choisir le classe dans les additifs alimentaires « peu recommandables ».
Et pour cause : comme d’autres émulsifiants, il fait depuis quelques années l’objet de travaux de recherche. Pour déterminer, entre autres, s’il peut faire partie des facteurs environnementaux qui jouent un rôle dans la survenue de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) comme la maladie de Crohn ou la rectotolite hémorragique. Ainsi, en 2015, une équipe dirigée par le chercheur Inserm Benoît Chassaing avait montré que la présence d’émulsifiants alimentaires dans de nombreux plats transformés pouvait altérer le microbiote intestinal et donc favoriser l’inflammation chez la souris.
Et chez l’humain ? C’est l’objet de l’étude menée par la même équipe et publiée dans la revue Gastroenterology. Le petit échantillon était composé d’une quinzaine d’hommes et de femmes « sains », c’est-à-dire sans antécédent de maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Les participants ont été divisés répartis en deux groupes : « l’un consommait un régime alimentaire strictement contrôlé et sans aucun additif, et l’autre un régime identique mais supplémenté par du CMC », précise l’Inserm dans un communiqué.
Résultat : au bout de deux semaines, ce dernier groupe présentait une altération du microbiote intestinal « avec une diminution nette de la quantité de certaines espèces [de bactéries] connues pour jouer un rôle bénéfique en santé humaine ». Sur le plan clinique, « ces participants étaient plus sujets à des douleurs abdominales et à des ballonnements intestinaux ».
Bref, si la consommation de CMC n’a pas déclenché de pathologie chez les participants, les résultats suggèrent qu’à plus long terme, comme chez la souris, l’additif « pourrait impacter négativement le microbiote intestinal et par conséquent favoriser les maladies inflammatoires chroniques ainsi que des dérégulations métaboliques chez l’humain ». Mais d’autres études seront nécessaires, sur des échantillons plus larges et des durées plus importantes, notamment pour comprendre « l’hétérogénéité des réponses au CMC entre les sujets ».
Source : Gastroenterology, UFC Que Choisir, Open Food Facts, consultés le 14 décembre 2021
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon
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