Migraine : la santé mentale, les liens sociaux et les capacités cognitives également affectés

11 septembre 2025

Culpabilité, fatigue, idées suicidaires… la migraine entraîne d’importantes répercussions sur la qualité de vie des patients, selon une enquête publiée par l’association de patients La Voix des migraineux. Elle plaide pour une reconnaissance de la maladie comme un handicap.

15 % de la population adulte serait touchée par la migraine dont 3 femmes pour 1 homme. En cause, les fluctuations d’hormones féminines. Mais les enfants peuvent aussi être concernés, avec 5 % d’entre eux qui souffriraient de migraines avant la puberté.

Pour mémoire, la migraine se manifeste d’un seul côté du crâne. Il s’agit d’une douleur pulsatile, modérée à sévère. Elle est aggravée par le mouvement et entraîne l’évitement de certaines activités de routine. Les crises sont souvent associées à des nausées, des vomissements, une hypersensibilité à la lumière et au bruit. Il n’existe pas de gènes de la migraine mais une susceptibilité génétique qui dépend de l’association de plusieurs variants génétiques. Les facteurs déclenchants sont difficiles à anticiper et à contrôler. « Chaque patient vit avec un ‘seuil migraineux’, une sorte de niveau de tolérance qui, une fois franchi, déclenche la crise. Fatigue, stress, environnement bruyant ou lumineux, variations hormonales ou même un simple manque d’hydratation… autant de facteurs qui, isolés ou cumulés, peuvent précipiter l’épisode » explique le Dr Matthieu Rutgers, neurologue à Bruxelles.

Renoncement aux activités sociales, épuisement…

Pour de nombreux patients, la maladie entraîne un lourd retentissement sur leur vie sociale et professionnelle. Mercredi 10 septembre, l’association de patients La Voix des migraineux a publié les résultats d’une enquête menée auprès de 1 095 migraineux chroniques et sévères ; 64 % déclarant plus de 8 jours de crise par mois. Objectif : mesurer l’impact de la maladie sur le quotidien des patients. Pour eux, même sous traitement, ces crises durent plus de deux heures par jour, parfois durant plusieurs jours.

Selon les résultats de l’enquête, 9 migraineux sur 10 déclarent avoir été privés d’activités sociales au cours des 6 derniers mois. Fête de famille, sortie entre amis, dîner au restaurant… la maladie les a poussés à y renoncer.

91 % des répondants reconnaissent rencontrer régulièrement des difficultés à surveiller leurs enfants ou à être disponibles pour eux. 8 patients sur 10 expriment leur souffrance par rapport à leur proche (dépendance accrue, culpabilité).

84 % d’entre eux évoquent un épuisement fréquent ou permanent et 38 % déclarent subir des remarques négatives de leur proche quant à leurs migraines.

Concernant la santé mentale, 52 % des personnes interrogées déclarent avoir eu des idées suicidaires pendant leurs crises, 43 % en dehors des crises.

Un handicap invisible

Vie sociale mise à mal, santé mentale fragilisée, la migraine nuit aussi à l’attention pour 86 % des patients et à la mémoire pour 81 % d’entre eux. Concentration, langage, interactions peuvent aussi être perturbés.

« Plusieurs mécanismes pourraient expliquer le lien migraine-cognition : tout d’abord, la douleur mobilise des ressources cérébrales communes aux tâches cognitives, réduisant leurs performances ; des études montrent une activité cérébrale altérée pendant le prodrome et des différences structurelles dans des zones clés (hippocampe, cortex orbitofrontal) ; enfin, l’aura et la migraine chronique pourraient s’accompagner d’un moindre drainage glymphatique », explique le Dr Olivia Begasse de Dhaem, neurologue spécialisée dans les céphalées à Stamford (Etats-Unis). Et, selon la spécialiste, il faudrait des actions de sensibilisation à l’école car les enfants sous souvent sous-diagnostiqués, alors même que la migraine nuit aux apprentissages et à leur développement.

La Voix des migraineux plaide pour la reconnaissance de la migraine comme un handicap afin d’améliorer la prise en charge et l’inclusion des malades. « La migraine reste une maladie invisible et toujours mal comprise, alors qu’elle bouleverse profondément la vie de millions de personnes. Il est urgent de la reconnaître comme un handicap à part entière afin d’en finir avec la stigmatisation et de permettre une prise en charge adaptée. Sans cette reconnaissance, trop de patients continueront à subir en silence ses impacts sur leur santé, leur famille, leur scolarité et leur vie professionnelle », alerte Sabine Debremaecker, présidente de La Voix des migraineux.

  • Source : La Voix des migraineux, l'Inserm

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

Destination Santé
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