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En matière d’apprentissage, chaque enfant progresse à son rythme. Certains parlent tôt quand d’autres parlent un peu plus tard, sans qu’il n’y ait rien d’inquiétant dans ce décalage. Toutefois, certains retards méritent l’avis d’un professionnel, comme l’explique Michèle Mazeau, médecin de rééducation, spécialiste des troubles du développement cognitif chez l’enfant, dans son livre Les Troubles des apprentissages pour les Nuls (éd. First), publié en août 2025.
Ainsi, après les a-reu et le babillage des premiers mois, la spécialiste parle d’une « explosion lexicale » vers l’âge de 18 mois – 2 ans. La quantité de mots connue augmente considérablement, trop pour que les parents puissent continuer à les recenser.
Vers 2 ans et demi, si certains enfants sont très à l’aise avec l’oral, d’autres s’en tiennent encore à de courtes phrases plus ou moins bien prononcées et plus ou moins bancales, mais ces différences ne sont pas alarmantes.
A 3 ans, si les maladresses grammaticales persistent du fait des difficultés de la langue, les enfants sont capables de raconter, discuter, commenter avec des phrases complexes. Ils sont compris de tous et pas seulement de leurs proches.
Selon Michèle Mazeaux, un enfant qui parle tard ne commence à dire quelques mots qu’à partir de 16 – 18 mois et /ou à associer deux mots qu’à partir de 2 ans et demi. A l’école, l’enseignant ne le comprend pas, ou difficilement. L’argument assez répandu qui consiste à justifier un retard de langage par le fait que les enfants ne peuvent se développer dans tous les domaines à la fois est jugé « irrecevable et sans aucun fondement » par la spécialiste.
Autre idée reçue que réfute Michèle Mazeaux : ce n’est pas parce que ses proches le comprennent qu’un enfant ne fait pas d’effort pour bien parler. « C’est parce que les parents le comprennent que l’enfant développe le langage et il n’y a jamais aucun effort particulier qu’un enfant devrait faire pour parler : le simple fait de devoir faire un effort est le signe d’une pathologie ».
« On désigne sous le terme de retard de parole ou retard de langage, le fait que la prononciation orale de l’enfant reste entachée de désinformations articulatoires et des caractéristiques propres aux enfants plus jeunes : mots mal prononcés, plus ou moins déformés, phrases courtes et maladroites », poursuit-elle.
Le retard peut porter sur la parole, la prononciation des mots, ou le langage, la capacité à former des phrases pour communiquer ou les deux.
Ce retard peut être liée à une discrimination auditive imparfaite : l’enfant n’a pas de problème d’audition mais il ne perçoit pas la différence en un P et un B. Il ne sera donc pas en mesure de la reproduire en parlant.
Un fonctionnement ou une maturation des organes phonatoires peut également être à l’origine du retard. L’enfant perçoit les distinctions mais n’a pas la capacité de les reproduire.
Selon la spécialiste, « il n’est jamais trop tôt pour consulter ». Dans un premier temps pour vérifier l’audition de l’enfant. S’il entend bien, le médecin pourra prescrire un bilan orthophonique de parole et de langage en réception/compréhension et en expression, qui sera réalisé par un orthophoniste. Michèle Mazeaux recommande deux séances de rééducation par semaine.
S’il est évidemment important de ne pas se moquer de l’enfant, la spécialiste conseille également de ne pas lui demander de s’appliquer. « On ne peut pas communiquer, échanger, converser en faisant attention à la prononciation de tous les sons qui composent les mots ».
Michèle Mazeaux recommande également de ne pas faire répéter un mot à son enfant jusqu’à ce qu’il le prononce bien. Il pourra finir par bien le dire mais non seulement la communication sera coupée mais cette réussite n’aura aucun effet à terme sur ses capacités. Le travail dans le but d’améliorer la production des sons et leur enchaînement est celui réalisé avec l’orthophoniste. Celui-ci peut demander de réaliser à la maison de courtes séances d’entraînement mais, dans ce cas, il faudra bien préciser à l’enfant qu’il s’agit d’une rééducation et non d’un moment d’échange.
Source : Michèle Mazeaux, les Troubles des apprentissages pour les Nuls, 2025, Editions First
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet