MonPsy : comment fonctionne le remboursement chez le psychologue ?

04 avril 2022

Annoncé à l’occasion des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en septembre dernier, le dispositif gouvernemental MonPsy entre en vigueur en ce début avril. Huit séances chez le psychologue pourront être remboursées par an. Qui est concerné ? Dans quelles conditions ?  

Début février, près de deux ans après le début de la crise sanitaire, 17 % des Français montraient des signes d’un état dépressif, soit 7 points de plus que le niveau hors épidémie ; 23% présentaient les signes d’un état anxieux (+ 9 points) ; 70% déclaraient rencontrer des problèmes de sommeil (+ 21 points). Ces chiffres proviennent de la vague 32 de l’enquête CoviPrev, qui mesure depuis le début de la crise sanitaire l’évolution de la santé mentale des Français.

Celle-ci est donc toujours sérieusement impactée par l’épidémie et ses conséquences en cascade : inquiétude face à l’infection, isolement, baisse de l’activité physique, augmentation du stress, de l’ennui, difficultés d’organisation personnelle et professionnelle… « Autant de facteurs qui peuvent avoir un impact sur la santé mentale », résume Santé publique France. C’est dans ce contexte que le président de la République a annoncé une série de mesures à la rentrée 2021, aux Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. Parmi elles, le dispositif MonPsy, qui entre en vigueur en ce début avril.

De quoi s’agit-il ? Jusqu’à huit séances chez le psychologue, remboursées, pendant un an : c’est le grand principe du dispositif, et la grande nouveauté. Jusque-là, seules les consultations chez le psychiatre, pouvaient être remboursées par les organismes d’assurance maladie. Mais pour bénéficier de ce remboursement, un certain nombre de règles sont à respecter. La première, c’est de prendre rendez-vous chez votre médecin traitant si vous vous sentez angoissé ou déprimé (soit « une souffrance psychique d’intensité légère à modérée* » précise le site MonPsy.fr). C’est lui qui évaluera votre état et pourra vous orienter vers un psychologue partenaire, muni d’une lettre d’adressage. Sans passage par le médecin traitant, pas de remboursement.

Combien ça coûte ? Pour bénéficier d’un remboursement, vous devez impérativement consulter un psychologue partenaire du dispositif (un annuaire régulièrement actualisé sera prochainement disponible ici). Le premier rendez-vous, appelé entretien d’évaluation, a lieu en présentiel. Cette séance coûte 40 euros. Les suivantes (7 au maximum pendant un an) peuvent être réalisées au cabinet ou à distance, et coûtent chacune 30 euros. Vous réglez le psychologue à l’issue de chaque séance, ou après plusieurs séances. Le psychologue partenaire ne peut pas pratiquer le dépassement d’honoraires.

Le remboursement, ça se passe comment ? A l’ancienne : le praticien remplit une feuille de soins que vous envoyez à votre organisme d’assurance maladie. Il vous rembourse à hauteur de 60% (soit 24 euros la première séance et 18 euros les suivantes). Votre mutuelle peut prendre en charge les 40% restants. Dans certains cas, vous pouvez être dispensé d’avance de frais (vous ne réglez rien). Sont concernés les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS), de l’aide médicale d’Etat (AME) et les personnes qui consultent pour des soins en lien avec une affection de longue durée (ALD), un accident causé par un tiers, un accident du travail, une maladie professionnelle ou une maternité (à partir du 6e mois de grossesse).

Et après les huit séances ? Votre médecin et le psychologue font le point ensemble sur votre situation, avec votre accord. Si votre état ne s’est pas amélioré, votre médecin peut vous orienter vers des structures comme les centres médico-psychologiques (CMP) ou chez un psychiatre (en libéral ou à l’hôpital). Vous pouvez également poursuivre votre suivi avec le même psychologue, mais vous ne serez plus remboursé.

A noter : Le dispositif est également ouvert aux enfants (dès l’âge de trois ans) et aux adolescents. Nombre de psychologues ont en revanche décidé de boycotter MonPsy. Réunis au sein du collectif ManifestePsy (plus de 7 500 membres), ils contestent la nécessité d’une consultation préalable par un médecin, estiment que le dispositif n’est pas adapté (seuls les cas les plus « légers » pourront leur être adressés) et que les tarifs des consultations sont insuffisants. Ils demandent notamment une augmentation des postes de psychologues dans les structures de service public et une revalorisation de leur rémunération.

*Le dispositif prévoit que les patients en situation d’urgence (présentant un risque suicidaire ou avec des critères de gravité) doivent être orientés sans délai vers le psychiatre ou des structures spécialisées.

  • Source : Santé publique France, MonPsy.sante.gouv.fr, Manifeste Psy - 29 mars 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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