Mycophénolate : malgré les risques, toujours trop prescrit
13 février 2020
Syda Productions/shutterstock.com
Immunosuppresseur utilisé contre le rejet de greffe, le mycophénolate présente un risque de malformations congénitales en cas d’exposition du fœtus dans le ventre de sa mère. Une information qui n’est pas nouvelle. Pour autant, un nombre croissant de femmes enceintes prend ce médicament. L’ANSM fait le point.
Utilisé contre le rejet de greffe, le mycophénolateexpose le fœtus à un risque de malformations congénitales, mais augmente aussi le risque de fausse-couche. Il est contre indiqué « chez les femmes enceintes et chez les femmes susceptibles de procréer n’utilisant pas de méthode contraceptive efficace et adaptée, sauf en l’absence d’alternative thérapeutique appropriée, pour prévenir le rejet de greffe ou traiter la pathologie », rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Pourtant, entre 2010 et 2017, le taux de femmes en âge de procréer ayant recours au mycophénolate a fait un bond de 44%. Soient 17 726 femmes (13-49 ans) sur la période. Parmi elles, un peu plus de la moitié prenait ce médicament pour limiter un rejet de greffe, principalement dans le cadre d’une transplantation rénale. Mais il est également prescrit hors AMM pour traiter certaines maladies auto-immunes.
Entre 2010 et 2017 toujours :
« L’étude a permis d’identifier 383 grossesses pour lesquelles au moins un remboursement de mycophénolate a eu lieu dans les 3 mois précédant et/ou pendant la grossesse en France entre 2010 et 2017. » Au total, 41% de ces grossesses « ont été interrompues (interruption volontaire ou médicale de grossesse). Chez les nouveau-nés exposés, 12% avaient un diagnostic de malformation à la naissance ».Chaque année en moyenne, on compte 50 fœtus exposés in utero à cet immunosuppresseur.
Vous prenez du mycophénolate et avez un projet de grossesse ?Dans ce cas, « aucune interruption de traitement par mycophénolate ou par tout autre immunosuppresseur ne doit être décidée sans avis médical, même en cas de suspicion ou de découverte de grossesse ».
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Source : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le 10 février 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet