Nanoparticules : un danger pour la santé au travail ?

23 novembre 2016

D’ici 2020, les chercheurs estiment que près de six millions de travailleurs seront exposés à des nanoparticules sur leur lieu de travail. Or les doses potentiellement rencontrées en milieu professionnel déclencheraient des signes d’inflammation et de fibrose pulmonaires. Les soudeurs sont, eux, déjà très concernés.

« Durant une classique soudure à l’arc électrique, les nanoparticules peuvent représenter jusqu’à 80% des particules émises dans les fumées dégagées », soulignent Sophie Lanone, chercheuse à l’INSERM et principal auteur de ce travail. Pour tenter de déterminer les effets sur les poumons des soudeurs professionnels, les scientifiques ont voulu observer l’effet de ce type d’expositions sur les poumons de souris.

Pour mimer au plus près la réalité, les chercheurs ont choisi quatre types de nanoparticules d’oxydes métalliques représentatives de celles retrouvées dans les poumons des soudeurs professionnels : Fe3O4 (magnétite), Fe2O3 (maghémite), MnFe2O4 (jacobsite) et CrOOH (grimaldite). Ils les ont déposées dans la trachée des souris, une fois par semaine durant trois mois.

De plus en plus de nanoparticules dans nos produits

Certains rongeurs en recevaient 5 microgrammes, soit une concentration représentative de celle à laquelle est exposé un soudeur professionnel. D’autres étaient exposés à 50 microgrammes, mimant ainsi la dose potentielle reçue par des travailleurs dans des usines de fabrication de nanoparticules d’oxydes métalliques. En effet, ces très petits éléments sont de plus en plus souvent conçus intentionnellement en usines pour les multiples propriétés qu’ils peuvent conférer aux produits de consommation courante. C’est le cas de propriétés antibactériennes pour les emballages alimentaires, d’effets anti-agglomérants pour les produits en poudre ainsi que des capacités anti-UV pour les crèmes solaires.

Des inflammations pulmonaires

Chez les souris ayant reçu des doses répétées de 5 microgrammes de MnFe2O4 et CrOOH, le tissu pulmonaire entourant les bronchioles était presque deux fois plus épais que chez les rongeurs témoins. Chez celles soumises à des doses répétées de 50 microgrammes, la situation était encore plus alarmante. Les auteurs ont constaté « un épaississement quatre fois plus élevé que chez les souris témoins touchant aussi les tissus entourant vaisseaux sanguins et alvéoles pulmonaires ».

« Pour la première fois, notre étude démontre que l’exposition répétée aux nanoparticules à des doses rencontrées en milieu professionnel sont potentiellement dangereuses pour les poumons », résume Sophie Lanone. Ces résultats encouragent à « la mise en place rapide de valeurs limites d’exposition réglementaires » dédiées à ces éléments dans le monde du travail.

  • Source : INSERM, 21 novembre 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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