Non, le Blue Monday n’existe pas
16 janvier 2023
Le troisième lundi de janvier, aujourd’hui donc, serait le jour le plus déprimant de l’année. « Serait », car cette « information » ne repose sur rien : il s’agit en fait d’un vieux coup marketing.
Certaines fake news ont la vie dure. Celle qui revient chaque année depuis 2005 en fait partie. Cette année-là, Cliff Arnal, qui se présente comme psychologue à l’université de Cardiff, signe un communiqué de presse dans lequel il prétend avoir mis au point l’équation qui permet de calculer quel est le jour le plus déprimant de l’année. Et que celui-ci tombe immanquablement le troisième lundi du mois de janvier.
Pour parvenir à ce « résultat », Cliff Arnal dit avoir pris en compte une série de facteurs comme la météo, le manque de motivation, le besoin d’agir, les dettes d’après fêtes, le temps écoulé depuis Noël et le temps écoulé depuis l’abandon des résolutions du Nouvel an. Un savant mélange de tout avec n’importe quoi, pour le compte… d’une agence de voyages.
Campagne marketing
Comme le racontent The Guardian et d’autres journaux britanniques, le « psychologue de l’université de Cardiff » (qu’il n’était pas vraiment non plus) a en effet accepté, contre espèces sonnantes et trébuchantes, d’apporter sa caution « scientifique » à une campagne marketing destinée à inciter les Britanniques à sortir de la dépression hivernale en réservant leurs vacances. Il a d’ailleurs récidivé quelque temps plus tard, au profit d’une marque de glaces. Sa formule, cette fois, aboutissait à considérer le troisième vendredi de juin comme le jour le plus heureux de l’année.
Dans les deux cas, le caractère non-scientifique de ces pseudo-formules a été admis par Cliff Arnal lui-même en 2010. Aujourd’hui, il mentionne fièrement sur son profil LinkedIn qu’il est « l’auteur de la formule Blue Monday, qui souligne que le troisième lundi de janvier est le meilleur jour pour apporter des changements qualitatifs durables dans votre vie », et que « la campagne atteint la position numéro 1 sur Twitter dans le monde entier, chaque année ».
Et c’est tout le problème, dénoncent ceux qui s’agacent de voir passer l’« information » tous les ans, aux alentours du troisième lundi de janvier. Parmi eux, des professionnels de la santé mentale qui n’apprécient pas que l’on plaisante avec la dépression saisonnière, qui, elle, est bien réelle.