Nouvelles infections à VIH : une réalité sous-estimée

21 juillet 2016

Depuis deux décennies, l’épidémie du VIH/SIDA perd du terrain. Mais ces dernières années, le nombre de nouveaux cas rapportés dans la population adulte stagne au lieu de reculer. Et dans certaines régions, la courbe de la séropositivité reprend même la pente ascendante. Des données révélées par l’ONUSIDA et confirmées lors de la 21e Conférence internationale sur le SIDA organisée à Durban (Afrique du Sud) du 18 au 22 juillet 2016.

Depuis 1997, les nouvelles infections par le VIH/SIDA rapportées dans la population adulte et infantile ont diminué de 40%. Malgré ces avancées, la vague épidémique semble reprendre le dessus. « Les nouvelles infections chez les adultes sont stationnaires et n’ont pas réussi à baisser depuis 5 ans », déclarent les experts de l’ONUSIDA.

Sur cette période, « près d’1,9 million d’adultes par an ont été contaminés par le VIH et les nouvelles infections chez les adultes augmentent même dans certaines régions ». Les principales hausses sont répertoriées en Europe de l’Est et en Asie centrale, régions comptabilisant une hausse de 57% entre 2010 et 2015. Sur la même période, « le rapport fait état d’un accroissement annuel de 4% au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique ».

Des études… une position commune

Une position corroborée par les résultats d’une étude menée par l’Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (IHME). Publié ce 20 juillet,  ce travail le confirme : la propagation de l’épidémie prend de l’ampleur dans 74 pays.

Autres données, « non seulement le nombre de nouvelles contaminations ne baisse plus depuis 2005, mais il est par ailleurs bien plus élevé qu’annoncé », relaie l’association AIDES en s’appuyant sur ces données. « Depuis cette date en effet, plus de 2,5 millions de personnes sont infectées par le virus chaque année. Soit près de 500 000 de plus que les chiffres annoncés par ONUSIDA. »

Quelles populations impactées ?

Les profils des patients les plus à risque sont clairement identifiés. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes sont 24 fois plus exposés comparés à la population générale. La même proportion a été relevée chez les usagers de drogue . Un risque multiplié par 10 pour les professionnels du sexe, par 49 pour les personnes transgenres. Enfin les détenus ont cinq fois plus de risque de vivre avec le virus. Toutes ces populations réunies représentent 35% des nouvelles infections rapportées en 2014.

Une stratégie à déployer

Selon AIDES, ces chiffres éloignent l’espoir d’éradiquer la maladie d’ici à 2030 comme l’envisage l’ONUSIDA. D’autant que « le niveau de financement actuel ne permet pas d’avoir un réel impact sur l’épidémie », affirme Aurélien Beaucamp, président de AIDES.

Une donnée confirmée par l’ONUSIDA : « les financements de donateurs internationaux ont atteint le seuil le plus bas depuis 2010 ». Certes en juin 2016, les Etats-Unis d’Amérique ont annoncé le lancement d’une enveloppe de 100 millions de dollars (91 millions d’euros). Mais selon les estimations, « 7 à 15 milliards de dollars supplémentaires par an (6,3 à 13,6 milliards d’euros) seraient nécessaires pour inverser la tendance ».

Selon AIDES, d’autres solutions concrètes existent pour muscler la prévention :

  • L’accès universel aux thérapies médicamenteuses. Chacune des personnes à risque doit avoir accès rapidement à la gamme complète des traitements. Ainsi, 38% des patients déclarés séropositifs ont bénéficié d’une suppression virale totale grâce à l’administration précoce d’antirétroviraux. La prescription de traitements en prophylaxie (PrEP) (antirétroviraux administrés aux personnes séronégatives exposées à un risque de contamination) relève aussi de la priorité. « Baser la prévention sur le seul port du préservatif ne suffit pas », atteste Aurélien Beaucamp ;
  • Le développement des dispositifs de dépistage. Même s’il est absolu, l’accès aux traitements ne suffit pas à enrayer l’épidémie. Certes « un patient sous traitement ne transmet plus le virus. (…) Mais la progression rapide [du virus] est principalement due aux personnes non diagnostiquées ». Il s’agit donc de prendre en charge la maladie au plus tôt en améliorant le taux de dépistage.

A noter : en 35 ans, l’épidémie du VIH/SIDA a fait 35 millions de victimes et 78 millions de patients ont contracté le virus. Et chaque année, l’épidémie continue de tuer 1,5 million de personnes.

  • Source : UNAIDS, le 12 juillet 2016. AIDES, le 20 juillet. 21è Conférence internationale sur le SIDA organisée à Durban (Afrique du Sud) du 18 au 22 juillet 2016.

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Vincent Roche et Emmanuel Ducreuzet

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