Objets connectés dans l’asthme de l’enfant : gadgets ou outils incontournables ?

22 mai 2025

L’asthme de l’enfant, maladie chronique potentiellement grave, exige un suivi régulier pour limiter les crises et contrôler les symptômes. De plus en plus d’objets connectés prétendent aider au quotidien : spiromètres, inhalateurs et stéthoscopes connectés, capteurs de qualité de l’air ou encore robots compagnons. Pour quelle efficacité ? Le Dr David Drummond, pneumo-allergologue à l'hôpital Necker-Enfants Malades (Paris), fait le point.

Spiromètres connectés, un réel bénéfice pour l’enfant ?

Ces dispositifs permettent de surveiller à domicile certains paramètres respiratoires pour vérifier le contrôle de l’asthme, comme le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) ou le débit expiratoire de pointe (DEP). Conçus pour la télésurveillance, l’objectif d’une utilisation au domicile est de repérer rapidement une aggravation de l’asthme et d’alerter les soignants afin d’adapter le traitement sans attendre.

Mais à ce jour « les essais cliniques randomisés (le plus haut niveau de preuve, ndlr) chez l’enfant n’ont pas montré d’amélioration des symptômes, de réduction des crises, de baisse des recours aux soins ou de bénéfice sur la qualité de vie, comparé à un suivi classique », tranche le Dr Drummond. En pratique, ces dispositifs alourdissent même la charge des soins quotidiens : les enfants doivent souffler une à deux fois par jour dans l’appareil, sans que cela se traduise par un réel bénéfice. C’est pourquoi, « en dehors de cas très spécifiques – enfants qui perçoivent mal leur gêne respiratoire ou peinent à différencier un asthme difficile à contrôler d’un asthme sévère, leur utilité reste limitée ».

Inhalateurs connectés, validés !

Ces dispositifs enregistrent chaque utilisation du traitement inhalé (corticoïdes, bronchodilatateurs). Ils fournissent des données objectives sur l’observance du traitement de fond (le bronchodilatateur longue durée d’action, qui se prend quotidiennement pour limiter l’inflammation des bronches) mais aussi sur l’utilisation des bronchodilatateurs de courte durée d’action (salbutamol, comme la Ventoline). Ce dernier est en effet un bon indicateur du niveau de contrôle de l’asthme : si l’enfant en prend souvent, cela signifie que son asthme n’est pas contrôlé. Certains modèles récents intègrent même des capteurs de débit capables d’évaluer la qualité de l’inhalation.

Un essai clinique a montré que ce type de télésurveillance, avec alerte transmise au soignant en cas d’oubli du traitement de fond pendant quatre jours ou de prise excessive de salbutamol (plus de quatre bouffées par jour), permettait d’améliorer le contrôle de l’asthme chez l’enfant.

Au-delà de cette fonction de suivi, les inhalateurs connectés peuvent aussi être associés à des rappels horaires, renforçant l’observance et réduisant le risque de crise. Couplés à un système de géolocalisation, ils permettent d’identifier des zones urbaines où la pollution de l’air aggrave systématiquement les symptômes.

Enfin, utilisés en complément d’autres objets connectés, ils aident à différencier un asthme mal contrôlé en raison d’un mauvais suivi du traitement d’un asthme véritablement sévère, justifiant alors un traitement de fond par biothérapie. « Ces dispositifs vont donc bien au-delà du simple gadget, estime le Dr Drummond. Leur potentiel dans le suivi personnalisé de l’asthme pédiatrique les place parmi les outils les plus prometteurs pour les années à venir. »

Stéthoscopes connectés, encore peu convaincants

Ces dispositifs portables, reliés en Bluetooth au smartphone des parents, permettent d’enregistrer les sons respiratoires de l’enfant lorsqu’ils sont posés sur son thorax. « Grâce à l’amplification des sons, leur sensibilité est souvent supérieure à celle de l’auscultation réalisée par un médecin », reconnaît le spécialiste. L’analyse est ensuite effectuée par des algorithmes d’intelligence artificielle.

Ils se révèlent particulièrement utiles chez les enfants d’âge préscolaire, pour repérer les sifflements respiratoires et mieux distinguer une crise d’asthme d’une simple rhino-pharyngite. Cependant, les preuves scientifiques font encore défaut : le seul essai fiable (dit randomisé contrôlé), disponible à ce jour, n’a pas montré d’amélioration du contrôle de l’asthme après trois mois d’utilisation. Précisons que les parents n’avaient reçu aucune consigne sur la conduite à tenir en cas de détection de sifflements, ce qui diminue fortement l’intérêt pratique du dispositif.

Capteurs de la qualité de l’air et robots compagnons, des outils prometteurs

L’environnement joue un rôle important dans le contrôle de l’asthme chez l’enfant. A propos de capteurs de qualité de l’air (température, humidité, polluants) installés au domicile, « leur fiabilité reste insuffisante, conclut le Dr Drummond, ils ne répondent pas aux exigences du domaine médical. Leur potentiel est réel, mais en l’absence de garanties sur leurs performances, ils restent au rang de gadgets ».

Quant aux robots compagnons, ils rappellent à l’enfant de prendre son traitement de fond et l’aident à bien utiliser son inhalateur. Une étude en cours en France compare l’efficacité du robot Joe à une prise en charge classique.

  • Source : Suivi de la session du congrès francophone d’allergologie (avril 2025) M14 - L'asthme de l'enfant au quotidien ; Ruchi S. Gupta et al Sensor-Based Electronic Monitoring for Asthma: A Randomized Controlled Trial Pediatrics 2021 ; Clinical efficacy and satisfaction of a digital wheeze detector in a multicentre randomised controlled trial: the WheezeScan study ERJ Open Res, 10 (2024).

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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