Odorat diminué, mort annoncée ?
06 octobre 2014
Une perte de l’odorat : un risque accru de décès à 5 ans. ©Phovoir
La perte de l’odorat (autrement appelée anosmie) annoncerait-elle une mort imminente ? C’est en tout cas l’inquiétant constat que viennent de dresser des chercheurs américains. Selon eux, et de façon très sérieuse, ne plus sentir les choses serait un « indice que quelque chose ne va pas ».
Pour étayer leurs propos, les chercheurs de l’Université de Chicago ont recruté 3 005 volontaires – hommes et femmes- âgés de 57 à 85 ans en 2005 et 2006. Ils ont mesuré leur capacité à identifier 5 odeurs distinctes : la menthe poivrée, le poisson, l’orange, la rose et le cuir. Ainsi le test a-t-il permis de conclure que :
- Plus de 75% des participants étaient « normosmiques ». Comprenez par là qu’ils possédaient un odorat normal ;
- 20% étaient considérés comme « hyposmique », c’est-à-dire qu’ils avaient un odorat légèrement altéré ;
- Plus de 3% étaient « anosmiques ».
Les scientifiques ont constaté –sans trop de surprises – que les bonnes performances au test de parfum diminuaient avec l’âge.
Cinq ans plus tard…
Durant les cinq années qui ont suivi ces tests, 430 volontaires sont décédés :
- 39% du groupe des anosmiques ;
- 19% chez les hyposmiques ;
- 10% chez les normosmiques.
Pour les chercheurs, et après ajustement de variables telles que l’âge, le sexe ou le statut socio-économique les chercheurs en sont persuadés : « ceux qui avaient perdu le sens de l’odorat étaient davantage susceptibles de mourir dans les 5 ans. »
S’ils peinent encore à expliquer cette observation, ils n’hésitent pas à émettre quelques pistes. « Notre odorat est sans doute le sens que nous sous-estimons le plus… du moins jusqu’à ce qu’il disparaisse », expliquent-ils. « Pourtant il influence la façon dont nous ressentons les goûts. Beaucoup d’anosmiques perdent ainsi le plaisir de manger. Certains font de mauvais choix alimentaires. Bien entendu, l’anosmie ne provoque pas la mort. Mais c’est un signe avant-coureur que quelque chose ne va pas. Nos résultats pourraient permettre de mettre au point un test diagnostique rapide afin d’identifier les patients à risque… »
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Source : University of Chicago Medical Center, 1er octobre 2014
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par: Emmanuel Ducreuzet