OGM : l’étude Séralini retirée de la publication!
29 novembre 2013
L’étude Séralini est retirée de la revue Food and Chemical Toxicology.
Des images abominables de tumeurs sur des rats, des résultats alarmants… une forme et un fond très contestables. En septembre 2012, l’étude dite « Séralini » sur la nocivité des organismes génétiquement modifiés (OGM) avait défrayé la chronique en France. Elle vient d’être retirée de la revue Food and Chemical Toxicology dans laquelle elle a été publiée. Elle semble avoir définitivement ‘fait pschitt…’
Rappel des faits. D’abord rendu public dans un hebdomadaire français, ce travail réalisé sur le rat, alertait sur l’innocuité à long terme des OGM. Suscitant l’émoi parmi le grand public, il a fait la Une de l’actualité durant plusieurs jours.
Il s’est aussi rapidement attiré les foudres des scientifiques qui éprouvaient toutefois bien des difficultés à faire entendre leurs arguments. Des institutions sont aussi montées au créneau. Ce fut le cas de six académies nationales françaises mais aussi du Haut Conseil des Biotechnologies.
Des lacunes. Choix de la souche de rats utilisée, présence d’un seuil groupe contrôle, manque d’informations délivrées sur la nourriture donnée aux animaux… sur le fond, les experts pointaient de nombreux biais. En novembre dernier, l’Autorité Européenne de Sécurité Aliments (EFSA) mettait ainsi l’accent sur « des lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie ». A tel point que ce travail « ne permettait pas de considérer les conclusions des auteurs comme étant scientifiquement valables ».
Retirée ! Un an plus tard, nouvel épisode d’une polémique qui s’était éteinte progressivement. Dans un communiqué de presse, Elsevier, l’éditeur de Food and Chemical Toxicology a annoncé que l’étude en question était retirée la revue. Il met en avant le faible nombre de rats et la souche choisie pour ce travail. Et le fait qu’une nouvelle « analyse des données brutes ne permet pas de tirer des conclusions définitives ».
Des raisons inattendues. Ces arguments ont de quoi surprendre. Dans l’absolu, ils auraient dû être mis en évidence par le comité de lecture avant publication. En septembre 2012, Gérard Pascal, nutritionniste, toxicologue et ancien directeur scientifique à l’Institut national de la Recherche agronomique (INRA) nous avait alors manifesté « son étonnement. (…) La revue a pris un grand risque en publiant ce travail ».
Il nous explique aujourd’hui que ce « retrait un an après et pour ces raisons, constitue une maladresse de plus. Sans compter qu’avec cette décision, l’étude revient à la surface alors qu’elle était tombée aux oubliettes ». Un changement à la tête de la Rédaction de la revue scientifique et des tiraillements internes entre les pro- et les anti-OGM expliquent-ils ce revirement ? « De toute façon, ce travail n’aurait jamais dû être accepté », conclut Gérard Pascal.
Ecrit par : David Picot – Edité par Vincent Roche