Ordures non collectées : y a-t-il des risques sanitaires ?

14 mars 2023

Paris, Nantes, Le Havre, Antibes… Dans plusieurs villes de France, les éboueurs sont en grève. Avec essentiellement des conséquences d’ordre esthétique, et potentiellement sanitaire. A cause des rats, par exemple, porteurs des leptospires, des bactéries transmissibles à l’homme.

Égoutiers, éboueurs, mais aussi agriculteurs, personnels de traitement des eaux usées ou chargés de l’entretien de zones humides… Mais aussi simples pêcheurs ou amateurs d’activités en eau douce : tous sont exposés au risque de leptospirose, une maladie qui reste rare puisqu’elle ne touche, en France, « que » 600 personnes chaque année, a décompté l’Institut Pasteur, qui abrite le Centre national de référence de la leptospirose. Des chiffres en hausse cependant, possible effet du changement climatique.

Les rongeurs, en particulier les rats, sont les principaux réservoirs des leptospires, des bactéries qu’ils éliminent via leurs urines et qui « se maintiennent assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination », explique le ministère de la Santé.

Transmission directe ou indirecte

Chez l’homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses (œil, bouche, nez). « La transmission peut être directe par simple contact avec des animaux infectés ou par morsure (notamment morsure de rat) ». Voilà pourquoi les égoutiers et les éboueurs sont incités à se faire vacciner contre la maladie.

Mais à l’heure où les déchets s’entassent dans la rue, les rats quittent les égouts et montent à la surface, à la recherche de nourriture. Un problème auquel s’est attaqué la mairie de Paris, a affirmé sur BFMTV l’adjointe en charge de la Santé publique. Objectif : faire « redescendre les rats dans les égouts en supprimant la nourriture en extérieur » et « chercher de nouveaux produits pour tuer les rats en cas d’infestation ».

Il faut cependant savoir que ces contaminations directes ne sont pas les plus courantes. Dans environ 75% des cas, « la transmission est indirecte au cours d’activités de baignade en eau douce, de pêche, ou de canotage, pratique du kayak, rafting ou canyoning », rappelle le ministère de la Santé.

Formes modérées à compliquées

Fièvre élevée, courbatures, douleurs musculaires, articulaires et maux de tête sont les principaux symptômes de la forme modérée de la leptospirose, qui se déclare après 6 à 14 jours d’incubation. Ensuite, « elle peut évoluer vers une atteinte de différents organes (reins, foie, poumons, cerveau) », décrit le dictionnaire médical Vidal.

Et dans 20% des cas, elle se complique, avec « une insuffisance rénale associée à des troubles neurologiques (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins graves ». La leptospirose nécessite l’administration d’antibiotiques pour réduire la durée et la gravité de l’infection, et dans les formes graves, une hospitalisation. Si elle n’est pas prise en charge à temps, elle peut conduire à la mort dans 5 à 20% des cas, principalement dans les pays en développement.

A noter : outre les rats, l’accumulation des déchets, et notamment la stagnation des liquides, fait d’autres heureux : les moustiques tigres, qui profitent de tous les endroits où l’eau s’accumule pour y faire grandir leurs larves. Et qui apprécient tout particulièrement l’arrivée du printemps, et des températures plus clémentes.

  • Source : Institut Pasteur – ministère de la Santé – Vidal - BFMTV - Mars 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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