Paludisme, des progrès bien fragiles
11 décembre 2013
Au Nigeria, en enfant, sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide. © Arne Hoel / World Bank
Publié ce mercredi, le rapport 2013 sur le paludisme fait état de progrès importants dans la lutte contre cette maladie. Et pour cause, depuis 2000, les Nations-Unies estiment à 3,3 millions le nombre de vies sauvées. Il n’en reste pas moins que ce fléau est à l’origine de 600 000 décès chaque année dans le monde. Le chemin vers « la prévention et le traitement pour tous » apparait bien long…
« Entre 2000 et 2012, l’extension des mesures de prévention et de lutte s’est accompagnée d’une baisse régulière du nombre de décès et de cas de paludisme », explique l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). C’est ainsi que 3,3 millions de vies auraient été sauvées depuis 2000. En majorité des enfants de moins de 5 ans, le groupe le plus touché par cette maladie.
Selon l’OMS, le « renforcement de l’engagement politique » et « l’accroissement des financements » expliquent ces progrès. Ces derniers « ne sont pas une raison pour relâcher nos efforts », poursuit le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’Organisation. « En chiffres absolus, le nombre de cas ne baisse pas aussi vite qu’il le pourrait ».
Une prévention en dents de scie…
Fortement développée entre 2005 et 2010, la prévention marque le pas depuis 2 ans. C’est ainsi qu’en Afrique subsaharienne, l’accès aux moustiquaires imprégnées d’insecticide est resté largement en deçà des 50% en 2012. Seulement 70 millions de ces produits ont été distribués l’an passé dans les pays d’endémie, alors que 150 millions sont nécessaires « pour garantir une protection à toute personne exposée au risque ». A noter toutefois que les chiffres de 2013 affichent une nette amélioration (136 millions) et que les perspectives pour2014 « semblent indiquer qu’un réel revirement de la situation a des chances de se produire ».
Objectif : éradication en 2030
L’accès aux tests de diagnostic et aux combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) a toutefois augmenté. Pour ces dernières, les chiffres sont passés de 76 millions de bénéficiaires en 2006 à 331 millions en 2012. Soit une multiplication par 7.
Les progrès sont toutefois fragiles dans la mesure où les financements restent déficitaires à l’échelle mondiale. Et que les résistances aux traitements se multiplient. « Au cours des 10 à 15 prochaines années, le monde aura besoin d’outils et de techniques innovantes pour pérenniser et accélérer les progrès », conclut le Dr Robert Newman, directeur à l’OMS du programme de lutte contre le paludisme.
L’objectif final étant de réduire de 75% le nombre de cas et d’éliminer cette maladie d’ici 2030… A condition de mettre au point un vaccin efficace.
Téléchargez le Rapport 2013 sur le paludisme dans le monde (en anglais).
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet