Parasitoses : les porteurs sains, une majorité des patients infectés
07 janvier 2016
Recherches sur la maladie du sommeil en Guinée. ©IRD/F. Courtin
Maladie de Chagas, leishmaniose, trypanosomiase africaine… Toutes ces maladies sont transmises par des insectes vecteurs, comme des punaises ou la célèbre mouche tsé-tsé et peuvent entraîner des complications sévères et la mort. Une équipe française vient de découvrir que la plupart des individus contaminés ne développent aucun symptôme. L’étude de ce phénomène pourrait permettre de combattre plus efficacement ces maladies.
Des chercheurs de l’IRD et du Cirad ont mené une vaste étude de synthèse sur les maladies provoquées par des parasites de la famille des trypanosomatidés. Ce travail leur a permis de mettre en évidence que l’être humain pouvait vivre de très longues années avec ces pathogènes avant de tomber malade, ou de s’en débarrasser. Ce phénomène est appelé « trypanotolérance ».
Leur étude a également permis d’observer que parmi les personnes contaminées, les « porteurs sains » étaient en réalité très nombreux. « Ce phénomène pourrait être en réalité la règle, et non l’exception, comme ils le pensaient jusque-là », soulignent les auteurs. Deux observations ont été avancées par les chercheurs pour expliquer cette tolérance : « des mutations de l’ADN chez les populations exposées » et « des facteurs génétiques ».
Premiers éléments d’explication du phénomène
« Les porteurs sains sont donc capables, suite à une piqûre par un insecte vecteur – par exemple la mouche tsé-tsé pour la maladie du sommeil –, de limiter la prolifération des parasites dans leur organisme et de contrôler ainsi leurs effets pathologiques, parfois pendant plusieurs dizaines d’années », ont observé les scientifiques.
« Comprendre les mécanismes biologiques de la trypanotolérance ouvrira des pistes de vaccins et de cibles thérapeutiques, inexistantes à ce jour », espèrent-ils. Petit bémol : « ces personnes contaminées qui s’ignorent échappent aux dispositifs de santé publique et pourraient maintenir un réservoir naturel de ces maladies, surtout dans les zones où le vecteur n’est pas éliminé ». L’éradication de ces maladies reste donc encore théorique…
-
Source : IRD, décembre 2015 – numéro 490
-
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet