Pesticides : vivre près des vignes augmente le risque de contamination

15 septembre 2025

L’étude PestiRiv publiée lundi 15 septembre confirme l’exposition accrue des riverains des zones viticoles aux pesticides. Urines et cheveux contaminés, pesticides retrouvés dans les logements et l’air extérieur… Santé publique France et l’Anses appellent à réduire l’utilisation de pesticides au strict nécessaire pour limiter l’exposition des personnes vivant près des cultures.

Santé publique France et l’Anses ont rendu publics lundi 15 septembre les résultats de l’étude PestiRiv, sur l’exposition aux pesticides des riverains de zones viticoles. En 2021-2022, 56 substances (fongicides, insecticides et herbicides) ont été mesurées dans l’air extérieur, l’air intérieur, les poussières des habitations, les aliments du jardin, l’urine et les cheveux des participants, dans 265 zones viticoles et non-viticoles réparties sur 6 régions françaises. Parmi les substances recherchées, certaines étaient spécifiques à la viticulture, d’autres, comme le glyphosate, utilisées pour d’autres cultures. Les 1946 adultes et 742 enfants participant étaient répartis en deux groupes : l’un vivant à moins de 500 mètres des vignes, l’autre à plus de 1 000 mètres de toute culture. Une enquête sur leur mode de vie, alimentation, habitudes au sein du foyer… a été menée par questionnaire.

La viticulture a été choisie comme cas d’étude car il s’agit de l’une des cultures qui fait le plus appel aux produits phytosanitaires (en termes de quantité et de fréquence). De plus, 4 % de la population vit à moins de 200 mètres d’une parcelle de vigne.

Quels sont les résultats ?

Dans tous les échantillons, l’exposition aux pesticides est plus importante pour les personnes vivant à proximité des vignes que pour celles habitant loin de toute culture. « Pour les urines, les poussières et l’air ambiant, es niveaux de contamination en zones viticoles sont plus élevés qu’en zones éloignées de toute culture. Par exemple, l’augmentation de l’imprégnation urinaire est comprise entre 15 % et 45 % et l’augmentation de la contamination des poussières varie selon les substances de quelques pourcents à plus de 1 000 % ». On retrouve aussi fréquemment les substances recherchées dans les cheveux et l’air intérieur.

De mars à août, en périodes de traitement, l’exposition aux pesticides est encore plus importante. Par exemple, l’augmentation de l’imprégnation urinaire peut atteindre 60 % et l’augmentation de la contamination des poussières varie selon les substances de quelques pourcents à 700 %. Idem pour l’imprégnation des cheveux et la contamination de l’air extérieur, plus élevées en période de traitement.

Les pratiques agricoles sont les principaux facteurs d’exposition aux pesticides : celle-ci augmente à mesure que la distance entre le logement et les vignes diminue et en même temps que la quantité de pesticides est élevée. En outre, plus les personnes passent du temps dehors et plus les logements sont aérés, plus les niveaux de contaminations sont élevés.

Des facteurs protecteurs au niveau individuel

Certaines dispositions, observées par les auteurs, permettent toutefois de limiter les risques :

  • se déchausser en entrant dans la maison ;
  • nettoyer les sols avec une serpillière ou un aspirateur au moins une fois par semaine ;
  • faire sécher le linge à l’intérieur en période de traitement ;
  • éplucher les fruits et légumes du jardin avant consommation ;
  • limiter la consommation d’œufs provenant de poulaillers domestiques en zones agricoles ;
  • disposer d’un système de ventilation mécanique (VMC).

Quels sont les risques associés aux expositions ? Quel est l’état de santé des personnes exposées ? L’étude ne répond pas à ces questions. « Évaluer ces risques sanitaires implique en effet de comparer le niveau d’exposition aux valeurs toxicologiques de référence indiquant s’il y a ou non un risque pour la santé. Cette analyse n’a pas encore été menée sur les données de PestiRiv », justifient Santé publique France et l’Anses. De même que l’étude n’a pas vocation à fixer les distances de sécurité entre un logement et la vigne.

Toutefois, « l’influence de la proximité des cultures sur la contamination des milieux et l’imprégnation des personnes montrée par ses résultats incite à agir pour limiter l’exposition des riverains ».

Les deux agences formulent ainsi les recommandations suivantes :

  • limiter l’utilisation des produits phytopharmaceutiques au strict nécessaire. « Ces produits sont par définition toxiques sur le vivant (…), il est judicieux de limiter leur utilisation pour garantir un haut niveau de protection de la santé publique et de l’environnement » ;
  • informer les habitants avant les traitements afin d’éviter les expositions les plus immédiates.

Elles réclament aussi plus de transparence sur les données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques. Pour y parvenir, elles plaident pour la création « d’une base de données nationale, centralisée, accessible et régulièrement mise à jour sur les produits utilisés, les quantités et les périodes d’application permettrait en effet de préciser les liens entre les applications réelles et les transferts dans l’environnement, et donc de mieux maîtriser les expositions des riverains ».

Il est ici question des vignes mais les agences soulignent que ces recommandations sont extrapolables à d’autres cultures, l’étude ayant inclus des substances non spécifiques à la culture de la vigne.

  • Source : Résultats de l’étude nationale sur l’exposition aux pesticides des riverains de zones viticoles (PestiRiv), Santé publique France, Anses, septembre 2025

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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