Pète ton crâne (PTC) : qu’est-ce que cette drogue vapotée par les ado ?

13 décembre 2024

Voilà plusieurs années qu’elle circule mais il semblerait que sa consommation s’intensifie. La Buddha blue, ou Pète ton crâne (PTC), est un cannabinoïde de synthèse, dont les effets sont puissants. Peu cher, incolore, inodore, il est consommé en vapotage par les adolescents.

Le 8 octobre, la police nationale des Hautes-Alpes alertait sur « la circulation d’une nouvelle drogue surnommée Buddha blue ou PTC » dans la petite ville de Gap. En septembre, neuf lycéens ardéchois, âgés de 15 à 17 ans, ont été intoxiqués et hospitalisés après en avoir vapoté juste avant les cours. De son côté, la Communauté d’Agglomération Meuse Grand Sud a lancé une campagne de sensibilisation alors que le PTC « se répand sur le territoire ».

PTC ? Pour “Pète ton crâne”. Cette drogue, populaire chez les jeunes et notamment les lycéens, est un cannabinoïde de synthèse, c’est-à-dire que les effets du THC, qui confère la propriété psychoactive du cannabis, ont été créés chimiquement en laboratoire. « L’affinité de ces molécules aux récepteurs cannabinoïdes conduit à des effets jusqu’à 200 fois supérieurs au THC, l’une des principales substances psychoactives de la plante de cannabis », écrit dans un article publié sur le site des Généralistes et Addictions Hauts-de-France le Dr Antoine Canat, médecin ressources au sein de la structure.

Pas cher et facilement accessible

Le Buddha blue, ou PTC, est incolore et inodore, il peut se consommer sous forme liquide ou solide (poudre). Mais la forme la plus répandue est la forme liquide, vapotée avec une cigarette électronique. Selon le lycée Pablo-Picasso de Perpignan, qui lui consacre une page sur son site Internet, « son faible prix en facilite l’accès et la propagation rapide ».

Ainsi, selon Jérôme Langrand, chef de service du centre antipoison de Paris, entre 2019 et 2022, les centres antipoisons français n’avaient recensé que « quelques dizaines de cas ». « On s’approchait de la centaine en 2023 et là, en 2024, on en est déjà presque à 200 », alerte-t-il, interrogé par la chaîne d’informations en continu BFMTV. Pourtant, le 5F-AKB48, le nom scientifique de cette drogue, est une molécule classée sur la liste des stupéfiants en France depuis 2017 et illégale sur le territoire.

Les mineurs largement exposés

Dans un compte-rendu du comité scientifique permanent mixte « vapotage de substances psychoactives », chapeauté par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), organisé le 5 juin 2024, le PTC apparaissait comme le cannabinoïde de synthèse le plus fréquemment mentionné parmi les substances psychoactives par vapotage. Sur la période allant du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2022, « 215 cas d’addictovigilance avec un mode d’administration de substances psychoactives par vapotage (hors nicotine) ont été identifiées (E-cigarettes et vaporisateurs) ». Avec une moyenne d’âge de 19,9 ans, près de la moitié des cas était constituée de mineurs, de 15 à 17 ans, précise le rapport.

Dans 58 % des cas, le PTC était utilisé dans un contexte d’usage expérimental avec une recherche d’effets plus puissants que le cannabis, et dans 42 % des cas dans le cadre d’une dépendance nécessitant une demande d’aide (sevrage cannabis, effet antalgique …).

Quels sont les risques ?

Les effets recherchés sont la détente, l’euphorie, l’intensification des perceptions sensorielles, une modification de l’appréciation du réelle et l’impression de planer. Les effets secondaires des cannabinoïdes de synthèse dépendent de la teneur en produit psychoactif des lots qui est très variable. En cause : la difficulté de fabriquer un mélange homogène entre les substances chimiques et les substances végétales, selon Drogues info service.

Les effets les plus fréquents sont la rougeur des yeux, la bouche sèche, les vomissements, l’anxiété, l’irritabilité, l’agitation et les hallucinations.

Alors que le cannabis naturel contient du cannabidiol, un cannabinoïde qui atténue les effets indésirables du cannabis, le cannabis de synthèse n’en contient pas. Le risque de surdose est plus élevé et les complications peuvent être beaucoup plus fortes. Parmi lesquelles :

· vomissements ;

· anxiété, irritabilité, agitation ;

· hallucinations ;

· troubles psychiatriques de type attaque de panique, paranoïa ;

· auto-agressivité pouvant aller jusqu’à des idées suicidaires ;

· hypertension artérielle ;

· convulsions, perte de connaissance ;

· troubles du rythme cardiaque (palpitations, accélération du rythme cardiaque, douleurs thoraciques, infarctus du myocarde) ;

· insuffisance rénale aigüe ;

· surdose pouvant entraîner le décès. Certains lots peuvent être très concentrés, au point d’entraîner une surdose. De plus, certains cannabinoïdes de synthèse peuvent rester très longtemps dans l’organisme, ce qui augmente également les risques de surdosage.

Une consommation régulière entraîne une tolérance du produit qui pousse l’usager à augmenter les doses . La dépendance s’installe. A moyen terme, elle peut entraîner une fatigue physique et intellectuelle, des difficultés de concentration, de mémoire, une humeur dépressive, une déscolarisation, l’isolement, des comportements violents, des problèmes relationnels et des risques cardiaques.

N’hésitez pas à contacter le Samu (le 15), en cas d’urgences et à vous renseignez auprès de Drogues info service, si vous ou l’un de vos proches avez/a besoin d’aide.

  • Source : Drogue info service, BFMTV, Généralistes et Addictions Hauts-de-France, ANSM

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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