Phagothérapie : le mécanisme des bactériophages révélé

13 juillet 2016

Face à l’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques, de plus en plus de scientifiques se tournent à nouveau vers la piste de la phagothérapie. Cette approche médicale utilisée pour traiter les maladies infectieuses d’origine bactérienne, s’appuie sur les capacités naturelles de certains virus, appelés bactériophages, à tuer les bactéries qu’ils reconnaissent spécifiquement. Une équipe franco-belge a mis au jour les mécanismes génétiques et métaboliques qui sous-tendent l’action d’un bactériophage.

Dans un article paru dans PLoS Genetics le 5 juillet, des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Catholique de Louvain (Belgique) décryptent au niveau moléculaire, les mécanismes d’action utilisés par un bactériophage, connu pour son potentiel thérapeutique, infectant la bactérie pathogène opportuniste Pseudomonas aeruginosa.

« Au cours de son cycle infectieux, le bactériophage est capable de déstabiliser fortement la cellule (de la bactérie ndlr), en dégradant précocement les ARN qu’elle produit », expliquent les auteurs. Dans le même temps, « la synthèse de l’ARN du même phage est, quant à elle, particulièrement active, traduisant une forte activité liée à sa propre multiplication. » Ainsi le bactériophage associe-t-il dans sa stratégie de destruction de la bactérie, reposant sur le métabolisme de l’ARN, « le piratage de la cellule à son propre programme de multiplication ».

Vers un retour en grâce des bactériophages ?

Cette découverte contribue ainsi aux efforts entrepris pour permettre le développement de ce traitement, aujourd’hui délaissé dans le monde occidental. En effet, elle souligne « l’intérêt que peut présenter la caractérisation de bactériophages aux propriétés thérapeutiques […] pour mieux comprendre le mode d’action des bactériophages dans leur activité antibactérienne », se félicitent les auteurs. « Nous espérons qu’ils contribueront, à terme, à rendre de nouveau possible en France l’utilisation de ces virus à des fins médicales », ajoute même Laurent Debarbieux, principal auteur.

Proposé il y a presqu’un siècle à l’Institut Pasteur par le chercheur franco-canadien Félix d’Herelle, la phagothérapie a été initialement utilisée dans le monde entier. Mais c’est surtout à partir des années 1940 qu’elle a connu un fort essor dans les pays de l’Est, alors qu’elle était progressivement abandonnée dans les pays occidentaux. Lesquels lui préférait déjà les antibiotiques.

  • Source : Institut Pasteur, juillet 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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