Additifs alimentaires pendant la grossesse : un danger pour l’avenir du bébé

19 septembre 2025

Les émulsifiants alimentaires sont largement utilisés dans la fabrication des produits transformés. Selon une étude de l’Institut Pasteur, consommés par la mère au moment de la grossesse, ils influenceraient négativement le microbiote intestinal dès les premiers jours de vie de l’enfant. Avec le risque accru d’obésité et de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin à l’âge adulte.

Ils servent à améliorer l’apparence, le goût, la texture ou encore la durée de conservations de nombreux produits ultratransformés. On retrouve ces additifs dans les produits laitiers, les produits de boulangerie, les glaces ou encore des laits infantiles en poudre. Leur consommation par les mères peut-elle exercer une influence sur la santé et notamment sur le microbiote intestinal de leurs enfants ? C’est ce qu’a voulu savoir l’équipe de Benoit Chassaing, directeur de recherche Inserm et responsable du laboratoire Interactions Microbiote-Hôte (unité Inserm à l’Institut Pasteur), dont les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Nature Communications.

Un microbiote intestinal modifié

L’expérience a porté sur des émulsifiants courants (carboxyméthylcellulose E466 et polysorbate-80 E433) auxquels des souris femelles ont été exposées pendant 10 semaines avant la gestation puis tout au long de la grossesse et l’allaitement. Alors que les bébés n’avaient jamais consommé directement ces émulsifiants, l’analyse de leur microbiote intestinal a montré des altérations significatives dès les premières années de vie.

Parmi ces altérations, les scientifiques ont observé une augmentation des bactéries flagellées – elles possèdent un ou plusieurs flagelles, principalement constituées de flagelline, une protéine pro-inflammatoire. Ces bactéries sont donc connues pour activer le système immunitaire et déclencher une réponse inflammatoire. En outre très mobiles, elles ont tendance, chez les bébés des mères exposés aux émulsifiants, à entrer en contact plus étroit avec la muqueuse intestinale, ce que l’Institut Pasteur nomme « un empiètement ». Celui-ci provoque une accélération de la fermeture de certaines voies de passage dans l’intestin.

Une communication organisme microbiote altérée

Or, celles-ci permettent habituellement aux fragments de bactéries de traverser la muqueuse afin d’être reconnues par le système immunitaire. Ce mécanisme permet de construire une tolérance de l’organisme face à ce microbiote intestinal. Pour rappel, celui-ci est composé de micro-organismes – bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes – qui vivent dans un environnement spécifique. Ici, l’intestin où le microbiote est le plus peuplé.  La fermeture rapide des passages chez les bébés concernés, plus que chez ceux dont les mères n’avaient pas consommé d’émulsifiants, nuit à la bonne communication entre organisme et microbiote. « Cette perturbation entraîne, à l’âge adulte, une réponse immunitaire exacerbée et une inflammation chronique, augmentant significativement la susceptibilité aux maladies inflammatoires de l’intestin et à l’obésité », note l’Institut Pasteur.

« Ces résultats soulignent l’importance de réguler l’utilisation des additifs alimentaires, notamment dans les laits infantiles en poudre qui en contiennent souvent et qui sont consommés à un moment clé de la mise en place de notre microbiote intestinal », a commenté Benoit Chassaing, premier auteur de l’étude. Celui-ci souhaite poursuivre les recherches. Objectif : explorer la transmission du microbiote maternel au nouveau-né, mais aussi l’exposition des nourrissons à ces émulsifiants, contenus notamment dans le lait en poudre.

Les additifs sont fréquemment mis en cause dans des études. Récemment une équipe française au jour le risque accru de développer un diabète de type 2, en étant exposé à sept émulsifiants bien identifiés.

Un autre, le E551, additif utilisé comme antiagglomérant, est lui soupçonné de favoriser l’intolérance au gluten. D’autres émulsifiants seraient quant à eux à l’origine de cancers, notamment de cancers du sein et de la prostate ou à l’origine de maladies cardiovasculaires.

  • Source : Institut Pasteur, Nature Communications

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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