Polluants éternels : quels sont les risques des PFAS pour la santé ?
04 avril 2024
Les « polluants éternels », les substances perfluoroalkylées et polyfluoralkylées (PFAS), sont présents dans de nombreux objets et produits du quotidien, comme les textiles, poêles antiadhésives, cosmétiques… Toxiques pour la santé humaine et animale, leur avenir est débattu ce jeudi à l’Assemblée nationale.
Très peu dégradables, ils sont baptisés « polluants éternels ». Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – PFAS à prononcer « pifasse » – sont des substances artificielles, fabriquées par l’Homme, à partir d’hydrocarbures. En tout, cette grande famille compte plus de 4 700 composés chimiques que l’on retrouve depuis les années 50 dans les produits et objets du quotidien : cuirs, peintures, cosmétiques, emballages alimentaires, revêtement de poêles antiadhésives, textiles…
Les députés entament jeudi 4 avril l’examen d’une proposition de loi, portée par les écologistes, pour restreindre la fabrication et la vente de certains produits contenants ces polluants éternels. Le texte prévoit ainsi d’interdire au 1er janvier 2026 les cosmétiques, ustensiles de cuisine, produits de fart, textiles, à l’exception des équipements professionnels qui seront concernés au 1er janvier 2030. Alors que les industriels sont vent debout contre la mesure, l’issue des débats est incertaine. D’emblée, jeudi matin, l’Assemblée nationale a retiré les ustensiles de cuisine de la liste des produits concernés.
Que sont les PFAS ?
Ces substances ont gagné leur surnom de « polluants éternels » par leur capacité à persister dans l’environnement. Elles présentent diverses propriétés pour y parvenir : antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs. Sur le plan chimique, ce sont les liaisons carbone-fluor que contiennent les PFAS, très stables, qui en font des produits très peu dégradables dans l’environnement.
Les sous-familles sont constituées en fonction du nombre d’atomes decarbone qui les composent ; plus elles en contiennent, plus elles sont persistantes. « L’une des sous-familles les plus connues sont le PFOA (acide perfluorooctanoïque) et le PFOS (sulfonate de perfluorooctane), ces derniers étant les plus persistants dans l’environnement », précise l’Anses.
Où trouve-t-on les PFAS ?
Dans l’eau, l’air, les sols, la poussière… les polluants éternels sont partout. Toute la population y est exposée quotidiennement, en buvant, mangeant, respirant. Une enquête menée par 17 rédactions européennes (Forever pollution project) a montré en 2023, via des prélèvements environnementaux, que « l’Europe compte plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoir publiques (au-delà de 10 nanogrammes par litre) ».
« La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 ‘hot spots de contamination’, écrivait Le Monde, membre du groupe de médias partenaires de cette enquête. En tout, 23 000 sites partout en Europe seraient contaminés et 21 500 sont présumés contaminés.
Les concentrations de PFAS dans le sang humain seraient ainsi supérieures aux niveaux de référence de l’Autorité européenne de la sécurité alimentaire (EFSA). Selon les scientifiques, les enfants composent le groupe de population le plus vulnérable et l’exposition durant la grossesse et l’allaitement est le principal vecteur de PFAS chez le nourrisson.
Cancers, baisse de l’immunité, effet sur le développement in utero…
Les effets toxiques des PFAS sur la santé sont multiples et ont été listés par le Bureau européen de l’Environnement (BEE) :
- troubles de la thyroïde ;
- hausse du taux de cholestérol ;
- troubles hépatiques ;
- cancers du rein, du testicule, du sein ;
- retard de développement du fœtus ;
- risque accru de fausse couche ;
- infertilité ;
- risque de prééclampsie chez la femme enceinte ;
- maladie inflammatoire de l’intestin ;
Chez les enfants, l’exposition in utero est suspectée d’augmenter le risque d’obésité, de puberté précoce et d’infertilité chez l’homme.
En 2020, l’Autorité européenne de la sécurité alimentaire mettait en lumière une interférence des PFAS avec le système immunitaire. Citée par l’Anses, elle considérait alors « que la diminution de la réponse immunitaire à la vaccination constitue l’effet le plus critique pour la santé humaine ».
A noter : Au niveau européen, plusieurs composés sont limités. D’autres, comme le PFOA sont interdits. Une directive devrait bientôt les interdire dans les emballages alimentaires. Une directive sur l’eau potable, avec des seuils à ne pas dépasser, est une première étape déjà en application. L’Union européenne, réfléchit à une interdiction globale dans les prochaines années.
[Mise à jour jeudi 4 avril à 16h38] Le texte a été approuvé en première lecture par les députés, les ustensiles de cuisine écartés du texte. Le texte doit encore être approuvé par le Sénat.
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Source : Anses, Le Monde, EFSA, EEA
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche