Les « polluants éternels », qu’est-ce que c’est ?
28 juin 2023
Haro sur les substances per- et polyfluoroalkylées, plus connues sous le terme de PFAS et surnommées « polluants éternels ». Via un arrêté publié hier, le ministère de la Transition écologique veut évaluer les rejets industriels de ces substances dans les eaux. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Fabrication de produits chimiques, traitement textile, traitement de surface, papeterie, stations d’épuration, élimination et stockage souterrains de déchets… Selon le ministère de la Transition écologique, ces secteurs industriels sont les plus susceptibles de rejeter des substances per- et polyfluoroalkylées dans leurs eaux.
Ils sont donc prioritairement ciblés par l’arrêté publié hier au Journal officiel, qui vise à évaluer ces rejets dans une « démarche de diagnostic, préalable indispensable aux actions de réduction de la présence des PFAS dans l’environnement », précise le ministère. Au total, 5 000 installations devront désormais effectuer des mesures précises et régulières de leurs « rejets aqueux » dans les milieux naturels.
Insuffisant pour les députés écologistes, dont certains ont en parallèle mené une « expérience scientifique ». Quatorze d’entre eux, de tous âges et issus de tout le territoire, ont fait analyser une mèche de leurs cheveux par un laboratoire afin d’y rechercher la présence de PFAS. Résultat : aucun d’entre eux n’échappe à ces « polluants éternels ». Et ce n’est pas très surprenant : les PFAS sont partout.
Eau, air, sol…
L’industrie a en effet massivement adopté ces substances chimiques depuis les années 1950, en raison de leurs nombreuses propriétés : antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. On les retrouve donc dans de « nombreux produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires, etc. », décrit l’Anses.
Mais pourquoi sont-ils qualifiés d’éternels ? En raison de « liaisons chimiques stables [qui] en font des composés chimiques très peu dégradables une fois dans l’environnement », poursuit l’agence de sécurité sanitaire. Ces substances, persistantes et mobiles, se retrouvent donc dans l’eau, l’air, le sol… « Certains s’accumulent dans les organismes vivants et se retrouvent dans la chaîne alimentaire ». Les sources de contamination sont multiples.
Et les conséquences sur la santé aussi. Les PFAS « peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l’obésité, des problèmes de fertilité et des cancers », résume l’Agence européenne de l’environnement. L’Europe étudie d’ailleurs la proposition de plusieurs États membres d’interdire la production de PFAS à partir de 2026.