Porter un masque pour freiner l’épidémie ?
09 avril 2020
Pour limiter au maximum la propagation du Covid-19, le port du masque chirurgical dans la population générale pose question. Selon des chercheurs américains et chinois, cette protection s’avère efficace contre certains coronavirus saisonniers (autres que le Covid-19).
Depuis des semaines, le Covid-19 envahit le monde entier… les salles de réanimation, les discussions, les interrogations. De vifs débats sont menés sur la question des masques, autour du manque crucial de dispositifs FFP2 dans les établissements de santé. Mais aussi autour de l’intérêt des masques chirurgicaux dans la vie de tous les jours.
Aujourd’hui, les patients symptomatiques du Covid-19 doivent rester en quarantaine pendant 14 jours. Après cette période, la phase de contagiosité est dite passée. Pour sortir faire une course ou pratiquer un peu d’activité physique, il faut porter un masque par précaution.
Mais quid des personnes en pleine santé ? Des Français asymptomatiques mais pourtant contagieux qui ne peuvent aujourd’hui savoir s’ils sont porteurs ou non de la maladie ? Doit-on tous porter un masque pour éviter de contracter le Covid-19 ? Lors du déconfinement progressif (dont personne ne connaît aujourd’hui ni la date ni les modalités précises), devrons-nous tous porter un masque ?
Beaucoup de questions donc. Mais encore peu de réponses. Une piste… le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, annonçait lors de son point presse quotidien du 3 avril : « Nous encourageons le grand public, s’il le souhaite, à porter des masques, en particulier ces masques alternatifs qui sont en cours de production. »
Des coronavirus saisonniers à l’étude
Pour évaluer l’efficacité du port du masque, des chercheurs américains (Université du Maryland) et chinois (Université de Hong Kong)* se sont penchés sur certains coronavirus saisonniers. Des cousins du Covid-19 bien mieux connus.
Comme le Covid-19, ces coronavirus se transmettent « via les gouttelettes excrétées par la toux ou les éternuements ». Mais selon les chercheurs, ils se transmettent aussi par « la diffusion dans l’air de minuscules gouttelettes aérosolisées, soit par la simple inspiration du souffle d’une personne infectée à proximité, qu’elle présente ou non des symptômes ».
Pour évaluer l’efficacité du port du masque, les scientifiques ont recruté 246 patients atteints d’affections virales respiratoires (coronavirus saisonniers, grippe saisonnière, rhinovirus). Dans le premier groupe, 124 volontaires avaient porté un masque lors de l’exposition virale. Le second groupe comportait 122 patients non porteurs de masques. Résultat, chez les porteurs de masques, « l’utilisation [de ces dispositifs] a significativement réduit la quantité d’ARN viral détectable dans les aérosols et, dans une moindre mesure, dans les gouttelettes respiratoires ».
Cette étude ne concerne que les coronavirus saisonniers, et pas le Covid-19. Mais « les chercheurs soulignent que le SARS-CoV-2 (le Covid-19, ndlr) et les coronavirus saisonniers sont très proches et ont une taille similaire. Selon eux, le port du masque chirurgical pourrait ainsi contribuer à ralentir la propagation du SARS-CoV-2 », synthétisent les spécialistes de l’Inserm.
A noter : les masques chirurgicaux limitent le risque infectieux. Mais rappelons que l’utilisation première de ces dispositifs repose sur la non-projection de gouttelettes infectées, ce qui permet d’éviter de contaminer l’entourage si jamais vous êtes contagieux.
* Nancy H. L. Leung, Daniel K. W. Chu, Eunice Y. C. Shiu, Kwok-Hung Chan, James J. McDevitt, Benien J. P. Hau, Hui-Ling Yen, Yuguo Li, Dennis K. M. Ip, J. S. Malik Peiris, Wing-Hong Seto, Gabriel M. Leung, Donald K. Milton & Benjamin J. Cowling
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Source : Inserm, le 7 avril 2020 - Respiratory virus shedding in exhaled breath and efficacy of face masks, Nature Medicine, le 3 avril 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet