Pour les opthalmos, la vue des Français «n’est pas une marchandise»

11 septembre 2013

Pour changer de lunettes, plus besoin d’ophtalmos ?©Phovoir

Le projet de loi relatif à la consommation, examiné en ce moment au Sénat fait bondir le Syndicat national des ophtalmologies de France (SNOF).  Un amendement propose en effet de prolonger la validité des ordonnances de lunettes de trois à cinq ans et de supprimer l’obligation de prescription pour les lentilles. « Ce serait un changement radical de notre système de soins », dénonce le Dr Jean-Bernard Rottier, président du SNOF.

« Les lentilles sont un dispositif médical en contact avec l’œil qui peut être à l’origine d’accident. C’est une aberration totale de le mettre en vente libre », s’insurge le Dr Rottier. Selon lui, « une lentille doit être adaptée à votre œil, elle nécessite une surveillance et des conseils réguliers.  Tout est fait pour prévenir ces accidents, mais si vous supprimez les ordonnances, automatiquement leur nombre va exploser. Cela pose un vrai problème de sécurité. »

Rappelons en effet que les lentilles de contact ne sont pas des produits de consommation comme les autres.  Elles imposent une hygiène irréprochable et des règles d’utilisation bien précises. Dans le cas contraire, elles exposent à de nombreux dangers : irritations oculaires, allergies, ulcération voire abcès de la cornée. Et pour le Dr Rottier, si l’amendement est accepté, « ce sera une catastrophe, nous aurons très rapidement une explosion du nombre d’accidents ».

Lunettes : un renouvellement tous les 5 ans ?

Par ailleurs, l’amendement prévoit d’allonger le délai pour le renouvellement des lunettes. De 3 à 5 ans.  « Cela paraît anodin, mais c’est une orientation fondamentale pour le système de soins », indique le Dr Rottier. Cet allongement risque en effet de porter atteinte à la politique de prévention et le dépistage des pathologies. » Reste que les délais pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste ne cessent de s’allonger. « Vouloir résoudre la question des délais d’attente en démédicalisant la filière est totalement irresponsable ».

Pour le président du SNOF, « le renouvellement des verres correcteurs correspond à une consultation médicale. Cela nous permet tous les trois ans de contrôler la vue, de dépister des maladies.  Globalement pour 10 patients qui viennent pour changer de lunettes, il y en a trois pour lesquels nous dépistons une maladie ».

Dans un communiqué de presse, le SNOF tire également à boulets rouges sur la méthode choisie par les promoteurs de ces deux propositions. Pour le Syndicat « le fait que cet amendement ait été adopté par la Commission des affaires Economiques, sans avis de la Commission des Affaires sociales, sans aucune sollicitation des instances sanitaires, ni évaluation des risques sur la santé des Français, veut déjà tout dire… »

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot

  • Source : SNOF, communiqué de presse, 6 septembre 2013 – Interview di Dr Jean-Bernard Rottier, 10 septembre 2013

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