Prendre en charge la détresse des seniors, enfin…
16 octobre 2013
Chaque année, 3000 personnes de plus de 65 ans mettent fin à leur jour. ©Phovoir.
En France, 28 % des suicides survenus en 2010 concernaient les plus de 65 ans. Ce chiffre effarant n’a pas manqué d’interpeller l’Observatoire nationale du suicide. Ce dernier vient de rendre publique une feuille de route dont l’objectif est d’améliorer la prise en charge des seniors fragilisés. Principaux axes : lutter contre l’isolement, informer le grand public et former les intervenants, bénévoles et professionnels.
En 2010, parmi les 10 400 suicides comptabilisés dans l’Hexagone, près d’un sur trois concernait les plus de 65 ans. Un véritable problème de santé publique dont s’est saisi l’Observatoire nationale du suicide. Ce dernier, créé en septembre 2013, vient de rendre son premier rapport à Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes Agées et à l’Autonomie.
L’enjeu : mieux cerner les facteurs qui poussent certains seniors à mettre fin à leur jour. « Cette problématique a été laissée pour compte jusqu’aux années 2000», regrette Françoise Facy, présidente de l’Union nationale pour la Prévention du Suicide (UNPS). Depuis la commission Le Breton de 2008, plusieurs programmes de prévention sont déployés en France. « Problème, seules 8 régions sur 22 sont concernées ».
Allier gériatrie et santé mentale
« Une collaboration plus étroite entre gérontologues et psychiatres permettrait de mieux identifier les personnes en détresse psychologique », précise Françoise Fancy. Les membres de l’Observatoire prévoient également d’améliorer les formations délivrées aux « sentinelles » entourant les personnes âgées : médecins généralistes, aides à domicile, proche, personnel hospitalier et bénévoles d’associations.
Autre mesure phare du rapport : « limiter la prescription de psychotropes et améliorer la prise en charge des situations cliniques à l’origine de ces prescriptions », recommande la Haute autorité de Santé (HAS), co-auteur du rapport.
Situation d’urgence
Les plus de 65 ans représentent la tranche de population la plus à risque de décès par suicide, « en particulier lorsqu’ils sont déprimés », précise le rapport. Ce n’est guère surprenant… « L’éloignement, la précarité, les situations de rupture de la vie sociale constituent les principaux facteurs de risque, parfois associés à des conduites addictives, que ce soit à l’alcool ou à d’autres psychotropes».
Selon l’association SOS suicide, le taux de tentatives de suicide baisse entre la fin de l’adolescence et le début de la vieillesse. « Puis il augmente de nouveau à partir de 65 ans, devenant 5 à 11 fois supérieur à celui que l’on observe chez les 15-24 ans ». D’où l’intérêt de repérer au plus tôt les premiers signes d’alerte liés à la détresse psychique.
Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet