Procès du Médiator : les laboratoires Servier coupables de « tromperie aggravée »
29 mars 2021
Le jugement a été rendu. Dans l’affaire du Médiator, un antidiabétique à l’origine de centaines de décès, les laboratoires Servier ont été reconnus coupables de « tromperie aggravée » et condamnés à 2,7 millions d’euros d’amende.
Le procès du Médiator s’était ouvert le 23 septembre 2019. Les laboratoires Servier, qui commercialisaient ce médicament, devaient répondre de « tromperie aggravée » et de « blessures et homicides involontaires ».
En cause donc, le Médiator, commercialisé en France depuis 1976 et retiré du marché en novembre 2009. Initialement, ce médicament était prescrit chez des patients ayant un taux de graisses ou un taux de sucre trop élevé dans le sang. Au moment du retrait du produit, sa seule indication était en complément au régime adapté chez les diabétiques en surcharge pondérale.
Or, il a aussi été utilisé hors du cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM), dans l’aide à la perte de poids, chez des personnes non-diabétiques ou ne présentant pas d’anomalie du taux de triglycérides. Une dérive qui a conduit à la survenue d’effets indésirables chez des milliers de patients (valvulopathie, hypertension artérielle pulmonaire).
Servier reconnu coupable
Au cours du procès, la présidente du tribunal correctionnel, Sylvie Daunis, a expliqué que malgré la connaissance qu’ils avaient des risques encourus depuis de très nombreuses années, les laboratoires Servier « n’ont jamais pris les mesures qui s’imposaient et ont ainsi trompé » les consommateurs du Médiator. Ils devront donc s’acquitter d’une amende de 2,7 millions d’euros.
De son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui était jugée pour « homicides et blessures involontaires » par négligence, a reconnu lors du procès une « part de responsabilité ». Elle a écopé de 303 000 euros d’amende.