











Après la congélation de spermatozoïdes, les couples français infertiles peuvent avoir recours à la congélation d’ovocytes… issus d’un don de gamètes. Si le texte de révision des lois de bioéthique de juillet 2011 autorise cette pratique, elle reste encore très peu pratiquée dans l’hexagone. Explications.
Aujourd’hui, un couple français infertile peut patienter jusqu’à deux ans entre la formulation d’un projet parental et le jour de la ponction de l’embryon. En cause : la pénurie des gamètes dans les banques cryogéniques due à l’insuffisance des dons.
Pour pallier ce déficit, l’hôpital Jean Verdier (AP-HP), les CHU de Rennes, Cochin (Paris) et Montpellier pratiquent la congélation ultra-rapide d’ovocytes. L’intérêt : conserver ces gamètes sur le long terme et créer « un stock » disponible au moment où le couple le souhaitera.
Simplifier le parcours
Appelée vitrification ovocytaire, cette technique, réel espoir de maternité, est rarement issue d’un don d’ovocytes. Et pour cause : avant 2011, la loi française obligeait la destruction automatique de l’ovocyte lorsqu’il ne fait pas l’objet d’une ponction par le couple lui-même.
A ce jour en effet, le recours à la congélation de spermatozoïdes reste la technique la plus pratiquée. « La vitrification ovocytaire dans le cadre de don d’ovocytes permettrait pourtant de réduire significativement les pertes importantes de matériel génétique liées aux traitements longs et invasifs d’un parcours AMP », précise le Dr. Christophe Sifer du service de Médecine de la Reproduction à l’Hôpital Jean Verdier. « Un couple infertile pourrait par exemple concevoir trois enfants à partir de huit embryons prélevés. Puis choisir de faire don des cinq embryons surnuméraires à un autre couple, à partir du moment où ces derniers sont certains de ne plus vouloir d’enfant ».
La route est longue
Lors d’une insémination artificielle, la disponibilité de chacune des deux femmes (la donneuse et la receveuse) est essentielle à chaque étape du prélèvement à l’implantation. Une épreuve qui nécessite des injections hormonales parfois lourdes à supporter. Et surtout qui s’étale sur plusieurs semaines.
« Bénéficier d’ovocytes congelés permettrait de mieux synchroniser toutes les étapes liées au don, du prélèvement à l’implantation », conclut le Dr. Christophe Sifer. Cette avancée pourrait aussi bénéficier à des femmes soumises à un traitement stérilisant, en cas de cancers notamment.
Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : David Picot
Source : Interview du Dr. Christophe Sifer, service de Médecine de la Reproduction – Hôpital Jean Verdier (AP-HP), le 12 septembre 2013
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