Prostitution : la précarité au coin de la rue
11 avril 2013
Pour 9 prostitué(e)s sur 10, la rue demeure le lieu de contact avec les clients. © Phovoir
En France, une prostituée sur trois n’a jamais réalisé de frottis et deux sur cinq ont déjà eu recours à une IVG. Ces deux constats alarmants ressortent de l’étude ProSanté publiée par l’Institut de Veille sanitaire (InVS). Un travail qui alerte sur la précarité sociale et sanitaire des travailleurs – majoritairement des femmes – « en situation de prostitution », comme les appelle l’InVS.
Cette étude a été réalisée auprès de 251 prostitués (166 femmes, 62 transgenres et 23 hommes). Si le cybersex est en plein boom, pour 88%, la rue demeure le lieu de contact avec les clients. Dans un cas sur trois, ils vivent dans un logement précaire (hôtel, centre d’accueil….) et la moitié d’entre eux n’a pas de titre de séjour.
Un état de santé préoccupant
« Plus de la moitié déclare être dans un état de santé ‘moyen’, ‘mauvais’ ou ‘très mauvais’ », apprend-on dans l’étude. « Plus du tiers affirme être affecté d’une maladie chronique (70% des transgenres), parmi lesquelles le VIH/SIDA, une affection respiratoire, un diabète ou une hépatite virale. »
Comme on pourrait s’en douter, leur quotidien apparaît des plus sombres. « Une majorité déclare des problèmes de sommeil et la consommation de somnifères. Ces personnes sont enfin très fragiles sur le plan psychique (sentiment d’anxiété, pensées suicidaires) et exposées aux violences physiques ou psychologiques. »
Toujours des conduites à risque
Si l’usage du préservatif masculin est quasi-systématique lors des pénétrations anales ou vaginales, il l’est moins lors des fellations et pas du tout lors de rapports « hors-prostitution ». Les auteurs relèvent également un taux de vaccination contre l’hépatite B – transmissible par voie sexuelle – relativement faible parmi la population suivie. D’ailleurs, 8% indiquent avoir contracté une IST dans les douze derniers mois. Enfin, la consommation d’alcool et de tabac apparaît plus importante que dans la population générale.
Pas d’information gynécologique
Chez les femmes, les auteurs relèvent une grande vulnérabilité sur le plan gynéco-obstétrical. Plus d’une prostituée sur trois (34%) n’a jamais réalisé de frottis. Quant aux interruptions volontaires de grossesse (IVG), six répondantes sur dix y ont déjà eu recours. C’est en outre bien plus élevé que dans la population générale (22% des femmes âgées de 18 à 54 ans).
Sensibilisation et partenariat
Pour l’InVS, « cette étude encourage à la mise en place de partenariats territoriaux entre associations, acteurs du social et du sanitaire, institutions et collectivités. »
Aller plus loin :
- Consultez l’intégralité et la synthèse de l’étude ProSanté