Publicités pour l’alcool sur les réseaux sociaux : les jeunes toujours trop exposés

09 décembre 2025

Un an après une première alerte sur la très forte présence de la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux, l’association Addictions France dresse un bilan toujours alarmiste. Rien ne semble avoir changé et les adolescents sont toujours exposés à une promotion massive de l’alcool.  

Voici un an, Addictions France alertait dans un rapport sur la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux. L’enquête, menée entre 2021 et 2024 avait permis d’identifier plus de 11 300 contenus promouvant l’alcool, 802 marques d’alcool et 483 influenceurs publiant des contenus valorisant l’alcool. Ainsi, 79 % des 15- 21 ans seraient confrontés à des publicités pour l’alcool toutes les semaines sur leurs réseaux, TikTok et Instagram en tête. Résultat ? Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), 23 % des adolescents avouent que les publicités pour l’alcool leur ont donné envie de boire.

1 an après, Addictions France revient avec un nouveau rapport et regrette que la loi n’ait toujours pas évolué pour réguler ces pratiques. Depuis 2024, les chiffres ont continué de progresser : 16 000 publications problématiques observées depuis juin 2021 sur Instagram et TikTok, 957 marques identifiées ainsi que 442 influenceurs (116 nouveaux depuis septembre 2024), 73 % des contenus sont des stories éphémères, voie massive de contournement de la loi Evin.

« Ce nouveau bilan est consternant, déclare Myriam Savy, Directrice de la communication et du Plaidoyer à Addictions France. Le flou législatif persiste, encourage les infractions et renforce, chaque jour, le sentiment d’impunité des influenceurs qui en viennent à dénigrer nos missions d’utilité publique, et ce malgré notre statut de signaleur de confiance. »

Un lien avéré entre la publicité et la consommation

Selon Addictions France, « l’omniprésence des publicités entrave les actions de prévention menées par les associations et son poids est bien plus imposant que les actions d’éducation et de sensibilisation ». Ce que confirmait l’Inserm dans le document « Réduction des dommages associés à la consommation d’alcool », publié en 2021 : « la très grande majorité des travaux recensés établit un lien positif et significatif entre l’exposition à des contenus pro-alcool sur Internet puis l’envie de consommer, la consommation déclarée actuelle ou passée, la banalisation des alcoolisations excessives et les problèmes rencontrés par les jeunes avec l’alcool ».

Dès 2022, l’Organisation mondiale de la Santé pointant l’importance d’une réglementation plus efficace face à l’utilisation croissante d’un marketing de l’alcool de plus en plus agressif en ligne. « Voir leurs pairs valoriser les marques d’alcool pousse les jeunes à surévaluer les niveaux de consommation ‘acceptables’.  Il en résulte une normalisation d’une consommation d’alcool pouvant mener à des excès », écrivait l’association Addictions France dans son rapport de 2024.

Selon Addictions France, les alcooliers jouent sur la relation para-sociale, soit une relation psychologique à sens unique que certains adolescents ont l’impression d’entretenir avec une personnalité médiatique. Dans le cadre des réseaux sociaux, il s’agit des influenceurs. Ceux-ci, en valorisant une image positive de la consommation, font de l’alcool, non plus un produit à risque mais un produit qui procure du plaisir. « Ce phénomène s’observe particulièrement lorsqu’il s’agit de contenus issus des influenceurs », note Addictions France.

Le cerveau des ados plus vulnérables

Pourtant, la consommation d’alcool est particulièrement à risque chez les adolescents et les jeunes adultes. « Le cerveau n’arrive à maturité qu’à l’âge de 25 ans. Il est plus vulnérable face aux conséquences de l’alcool (diminution du volume de certaines parties du cerveau, influence directe sur la capacité d’apprentissage…). De plus, la consommation d’alcool chez les jeunes peut constituer une porte d’entrée vers une dépendance à l’âge adulte », explique l’association.

Alors que 71% des enfants de 11-12 ans utilisent régulièrement au moins un réseau social en France, Addictions France appelle à interdire toute forme de publicités pour l’alcool sur les réseaux sociaux et à instaurer des sanctions réellement dissuasives

  • Source : Association Addictions France

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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