Puff : pourquoi le gouvernement veut interdire cette cigarette électronique jetable ?
04 septembre 2023
La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé dimanche sur RTL l'interdiction prochaine de la puff, cette cigarette électronique jetable. La mesure sera prise dans le cadre d'un plan national de lutte contre le tabagisme.
Décriée par de nombreux médecins, addictologues et écologistes, la puff – bouffée en anglais – devrait bientôt être interdite. C’est ce qu’a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne, invitée dimanche 3 septembre au micro de RTL. « Elles donnent des mauvaises habitudes aux jeunes. On peut dire que ce n’est pas de la nicotine, mais c’est un réflexe et un geste auquel les jeunes s’habituent. C’est comme ça qu’ils vont vers le tabagisme », a dénoncé la cheffe du gouvernement.
Arrivée sur le marché français en 2021, la puff est une cigarette électronique jetable. Elle se présente sous la forme d’un bâtonnet de plastique composé d’une pile au lithium et contenant une quantité limitée de liquide à vapoter, avec ou sans nicotine. Cette e-cigarette non-recyclable équivaut à 300 à 600 bouffées, ce qui correspond – en fonction des consommateurs – à plus de deux paquets de cigarettes.
La vente aux mineurs interdite
Désastreux pour l’environnement, ce dispositif a justement fait l’objet d’un rappel à l’ordre de la part des autorités sanitaires en octobre 2022. « Les autorités sanitaires ont constaté, ces dernières années, une augmentation significative de l’utilisation des produits du vapotage, principalement avec nicotine, chez les moins de 18 ans, par rapport aux produits du tabac. Cette utilisation se fait par des mineurs qu’ils soient fumeurs ou non-fumeurs, en dehors de toute tentative d’arrêt de tabac et pourrait être majorée par l’apparition de dispositifs de vapotage jetables, attractifs pour les jeunes (arômes) et économiquement très abordables (dispositifs de type ‘puff’) », écrivait alors le ministère de la Santé dans un communiqué. Ainsi, la vente de puff, tout comme celle de la cigarette électronique rechargeable, est interdite aux moins de 18 ans. Pourtant, il est facile de s’en procurer chez les buralistes, à un prix abordable pour les jeunes. La puff est aussi très présente sur les réseaux sociaux.
Quels sont les risques ?
« Le recours aux sels de nicotine n’est pas anodin, car cela évite de ressentir des effets négatifs de la cigarette classique, l’irritation et la toux, qui limitent l’utilisation de la cigarette chez une personne n’ayant jamais fumé », estimait auprès de Destination Santé le Dr. Philippe Arvers, addictologue à l’Université Grenoble Alpes. Par conséquent, « leur utilisation sera plus facile, sans effet indésirable ». Or la présence de nicotine peut entraîner une dépendance nicotinique. Comme le notait l’Académie de médecine en février 2023, certaines puffs peuvent contenir jusqu’à 5 % de nicotine et induire, un effet de dépendance comme les autres produits de tabac.
La puff est décriée pour être, en outre, une porte d’entrée dans le tabac. « Il est en effet établi qu’essayer l’e-cigarette favorise le tabagisme, même si dans un pourcentage moindre (40 %) qu’essayer du tabac », précisait l’Académie de médecine. Selon une enquête de l’institut de sondage BVA pour l’Alliance contre le tabac, 13 % des jeunes de 13 à 16 ans indiquaient en 2022 avoir déjà testé la Puff et 9 % en avoir déjà acheté. En mars 2023, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives confirmait une hausse de l’usage de la cigarette électronique « importante ». « Pour la première fois, ses niveaux d’expérimentation et d’usage au cours du mois dépassent ceux du tabac. Cette hausse est par ailleurs majoritairement portée par les filles : leur niveau d’usage quotidien a été multiplié par 6 en cinq ans ».
-
Source : interview du Dr Philippe Arvers, addictologue à l'Université Grenoble Alpes – ministère de la santé – Alliance contre le tabac - Observatoire français des drogues et des tendances addictives -
-
Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet