Punaise de lit : l’Anses alerte sur les dangers d’un insecticide pourtant interdit
05 décembre 2023
Le SNIPER 1000 EC DDVP, qui contient du dichlorvos, est un insecticide interdit en France depuis 2013. Pourtant les intoxications liées à l’utilisation de ce produit sont en hausse ces cinq dernières années. L’Anses tire le signal d’alarme.
L’Agence national de sécurité sanitaire (Anses) alerte ce mardi 5 décembre contre l’insecticide Sniper 1000 EC DDVP ou Shooter 1000 EC DDVP. En mai 2023, l’autorité sanitaire avait été informée de la grave intoxication d’un nourrisson après avoir ingéré près d’un tiers d’un flacon. Et en 2019, plusieurs intoxications avaient été rapportées à l’Anses par les centres antipoison. Pourtant, le Sniper 1000 EC DDVP contient du dichlorvos, de la famille des organophosphorés, interdits en France depuis 2013.
Afin de prendre la mesure de la situation, l’Anses a recensé les cas d’intoxications comptabilisés par les centres antipoison entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2023. Au total, 206 personnes, exposées au produit, ont été intoxiquées, lors de 170 événements (plusieurs personnes ont pu être intoxiquées lors du même événement). L’Anses note que le nombre de cas a augmenté depuis 2018, malgré l’interdiction.
Dans 75 % des événements connus, le Sniper 1000 a été utilisé pour lutter contre des nuisibles, des cafards, des punaises de lit et, une fois, contre des poux. « Si la plupart des intoxications étaient bénignes, 8,6 % (14 cas) étaient de gravité moyenne et 5,5 % (9 cas) de gravité forte dont trois décès. Sept des neuf intoxications de gravité forte dont les trois décès étaient dues à une ingestion dans un but suicidaire », détaille l’Anses.
Une substance potentiellement mortelle
Le dichlorvos a d’abord été interdit en 2007 comme substance active phytosanitaire et en 2013 comme substance active biocide. Il est décrit comme toxique en cas d’ingestion et par contact cutané, mortel par inhalation. L’Organisation internationale du travail décrit les symptômes suivants en cas d’ingestion et d’inhalation : confusion, diarrhée, vertiges, maux de tête, respiration difficile, nausées, constriction de la pupille, crampes musculaires, salivation excessive. Au contact de la peau, la substance peut provoquer des rougeurs, des douleurs et des fasciculations (secousse musculaire brève, locale, sous la peau). Des rougeurs et douleurs sont également décrites après un contact avec les yeux.
La région Ile-de-France (127 évènements) et, notamment, le département de la Seine-Saint-Denis (45 événements) sont les premiers concernés. Où les personnes ont-elles pu se procurer ce produit interdit ? Sur les marchés, les magasins/bazars, du nord de Paris et en Seine-Saint-Denis. Et, de manière plus marginale, le produit a été ramené de l’étranger hors Union européenne ou donné par une tierce personne. « Face à la difficulté d’éradiquer les organismes nuisibles », certaines personnes se tournent vers des produits interdits et dangereux sans toujours savoir qu’ils le sont.
Contexte de recrudescence des punaises de lit
« Devant le nombre croissant d’intoxications au SNIPER 1000 EC DDVP® dont certaines peuvent s’avérer très graves voire létales il apparait nécessaire de renforcer les contrôles sur les marchés et supérettes identifiés pour en limiter la circulation et l’impact sur la population en termes de santé publique », recommande l’autorité sanitaire.
L’Anses émet cette alerte alors que la France a connu en septembre et octobre une large médiatisation sur la prolifération des punaises de lit dans les intérieurs. Une recrudescence que l’Anses a chiffré : entre 2017 et 2022, 11 % des ménages français ont été infestés par des punaises de lit.
« Les punaises de lit ont développé des résistances à la quasi-totalité des insecticides en vente libre, rappelle le ministère de l’Intérieur. Par conséquent, la lutte physique (mécanique et thermique) est à privilégier en première intention par rapport à la lutte chimique ».
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Source : ANSES, 5 décembre 2023 – Organisation internationale du travail - ministère de la Santé
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet