Quand la quête de la perfection devient pathologique

26 juillet 2023

Il s’agit d’une fiction, mais la sortie du film Barbie n’est pas sans nous rappeler comment les standards de beauté peuvent nourrir les complexes. Et la quête d’une perfection physique inaccessible.

DAndreev/shutterstock.com

Archétype de la beauté blonde et plastique, Barbie a véhiculé des années durant de nombreux stéréotypes sur la femme parfaite. Silhouette élancée, longue chevelure lisse, poitrine ronde dessinée, pieds de Cendrillon : ces codes de la beauté ont parfois imprégné les esprits des fillettes ou jeunes filles associant ces critères à la perfection. Au point par exemple de décolorer leurs cheveux, les lisser, enchaîner les régimes amincissants, pratiquer des épilations et maquillages extrêmes ou subir de nombreuses chirurgies esthétiques.

Les personnes en quête de cette perfection physique nourrissent « un fort sentiment de motivation afin de persévérer face aux écueils rencontrés », rappellent les spécialistes de la Clinique de psychologie Berri (Québec). Une peur de l’échec en cas de moqueries, d’obligations d’être à la mode ou de complexes par exemple, qui incite la personne à vouloir atteindre le graal, la perfection donc.

Dans le prisme pathologique de la perfection, la personne va « s’imposer des standards de réussite et des objectifs difficiles, voire impossibles à atteindre ». Par exemple atteindre un niveau de minceur loin, très loin du poids de forme, ou une texture de cheveu à l’opposé du naturel quitte à y passer plusieurs heures de soins et coiffage chaque jour. « Cette rigidité contribue au développement d’une attitude et de comportements contraignants. Les efforts ne sont pas dosés, ils sont exagérés et inflexibles. »

La santé mentale impactée

En conséquence, « des difficultés sociales » peuvent survenir du fait notamment de ne pas réussir à « accepter la critique, ou considérer le point de vue d’autrui ». A terme, la santé mentale peut elle aussi s’en trouver fragilisée : « des symptômes dépressifs sont fréquemment observés en lien avec le perfectionnisme pathologique. Puisque les objectifs fixés sont rarement atteints, que la satisfaction est difficilement atteignable et que le plaisir est rarement vécu dans l’élaboration d’un projet, l’individu éprouve de la difficulté à développer une estime de soi et une confiance en soi. »

Dans le registre des émotions, sous la carapace physique voire plastique, les personnes perfectionnistes ressentent facilement de « la honte, de la culpabilité et de la colère », mais aussi de « l’anxiété, sans aucun doute l’émotion la plus présente chez ces individus ». En cause : le perfectionnisme, sur le plan physique notamment, va affaiblir l’estime de soi et provoquer un sentiment d’échec si les standards de beauté ne sont pas atteints, déclenchant cette spirale d’émotions négatives.

Comment se libérer ?

Les psychothérapies et les thérapies comportementales et cognitives peuvent aider les personnes victime de cette quête pathologique de la perfection. Ce travail va aider à prendre « conscience des conséquences négatives du perfectionnisme, remettre en question le système de valeur, apprendre à abaisser ses exigences à travers l’expérience, porter attention à la notion de plaisir ». Un suivi d’autant plus conseillé que le perfectionnisme est associé à des troubles obsessionnels compulsifs et peut donc engendrer d’autres symptômes comme les addictions ou les troubles du comportement alimentaire (TCA).

  • Source : Clinique de psychologie Berri, site consulté le 20 juillet 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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