Quand l’eczéma atopique isole et déprime

03 février 2020

Plus des deux tiers des personnes affectées par l’eczéma atopique ressentent un impact négatif sur leur moral et leur confiance en eux. C’est ce qui ressort d’une enquête IFOP pour Sanofi Genzyme, réalisée auprès de 2000 personnes. Elle montre aussi une méconnaissance de cette maladie pourtant très répandue.

On l’appelle eczéma atopique, ou dermatite atopique. Cette maladie de peau, qui évolue en alternant poussées et phases de rémission, « apparaît parfois dès la petite enfance » et se caractérise par « une peau sèche, avec des lésions érythémateuses assez disséminées et des démangeaisons », explique le Pr Laurent Misery, chef du service dermatologie et vénérologie au CHU de Brest, en commentaire de cette étude. D’après l’enquête, elle serait la troisième maladie chronique de la peau qui touche les Français (34% déclarent avoir déjà été affectés par l’eczéma atopique), après l’acné (59%) et les mycoses (43%).

Une maladie courante, donc, et parfois très gênante : 63% des personnes concernées par l’eczéma atopique estiment qu’il a un impact négatif sur leur qualité de vie, à cause, principalement, du fait de se gratter. Le chiffre monte à 87% pour les personnes qui se grattent au moins 11 fois par jour. Mais l’impact de la maladie n’est pas seulement physique : « les conséquences psychiques sont aussi importantes, pouvant aller jusqu’aux idées suicidaires », poursuit le Pr Misery.

Ainsi, 69% des malades jugent que l’eczéma atopique affecte leur moral, et 68%, leur confiance en soi. Avec des conséquences sur les activités professionnelles, sociales ou les loisirs : 52% des malades disent s’être déjà volontairement privés de l’une de ces activités et 38% des patients ayant un eczéma visible rapportent une forme de harcèlement ou d’agression.

Une maladie multifactorielle

Pourquoi cette maladie pourtant répandue suscite-t-elle de telles réactions ? La méconnaissance pourrait en partie l’expliquer : seuls 25% des Français disent savoir « précisément de quoi il s’agit. » Une large majorité (78%) pense qu’il s’agit d’une maladie liée au stress ou à l’allergie. C’est vrai, mais pas seulement. La Société française de dermatologie précise : « les mécanismes de la dermatite atopique sont complexes, intriquant des facteurs immunologiques, génétiques, environnementaux avec une hyperréactvivté de la peau aux allergènes normalement bien tolérés (poussières, acariens, poils d’animaux…) ». Les causes de la maladie sont donc multifactorielles.

Autre enseignement de l’étude : seul un tiers des personnes touchées ont le réflexe d’aller chez un dermatologue (le médecin traitant est le premier recours pour 79% des malades). Un tiers n’en a même jamais vu, alors que se multiplient les recours aux pratiques alternatives : magnétiseurs (18%), acupuncteurs non-médecins (16%) ou marabouts (15%).

Il faut dire que l’échec thérapeutique est courant en cas de formes modérées à sévères de la maladie. Mais de nouveaux traitements, sous forme de biothérapies injectables, sont apparus récemment sur le marché et semblent donner de bons résultats. D’autres traitements par voie orale sont en cours d’expérimentation, pour améliorer la vie des patients.

A savoir : L’eczéma atopique est souvent confondu avec l’eczéma de contact. Or, si l’origine de l’eczéma atopique est complexe, il n’en va pas de même pour l’eczéma de contact. Celui-ci apparaît généralement après un contact cutané avec un allergène, précise la Société française de dermatologie : « les plus fréquents sont contenus dans les cosmétiques, les vêtements/accessoires vestimentaires, produits de soins/médicaments topiques, allergènes professionnels. » Des patch tests permettent de les identifier.

  • Source : Société française de dermatologie et étude IFOP/Sanofi Genzyme « Les Français face à l’eczéma », consultés le 28 janvier 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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