Quand les pensées négatives favorisent les pulsions alimentaires
12 juin 2020
Chez les mangeurs compulsifs, les émotions négatives (stress, peur…) augmentent le risque de se venger sur un paquet de gâteaux ou un pot de glace. Travailler sur ces ressentis pourrait aider les patients à mieux contrôler leurs pulsions.
L’alimentation a plusieurs fonctions : la survie, le plaisir et le réconfort ! Mais pour certains d’entre nous, elle constitue aussi une réponse au stress, une solution pour mieux vivre les mauvaises passes de la vie. Ainsi, le cliché du pot de glace avalé en une soirée après une rupture sentimentale peut devenir bien réel.
Pour évaluer l’impact des émotions négatives sur ces pulsions, l’équipe autrichienne* du Pr Rebekka Schnepper a recruté 80 jeunes femmes concernées par ces craving alimentaires (besoin irrépressible de consommer), ou qui à l’inverse contrôlent leur consommation alimentaire de façon stricte via régimes et diètes. Les volontaires présentaient un IMC normal et ne souffraient pas de trouble du comportement alimentaire, TCA, ni anorexie ni boulimie. Toutes ont été exposées à une situation stressante (lecture d’histoires anxiogènes) puis à des photos d’aliments. Leur expression faciale a ensuite été analysée par l’électromyographie** et leur activité cérébrale par un électroencéphalogramme.
Réguler les émotions
Résultat, « les mangeuses émotionnelles fronçaient moins des sourcils quand elles étaient sous stress (comparés aux émotions neutres) et regardaient les images de nourriture : ces clichés semblaient les apaiser tout en leur ouvrant l’appétit ». L’attention des sujets du groupe restriction « était aussi tournée vers la nourriture en cas d’émotions négatives, mais cela ne déclenchait pas pour autant leur appétit ».
Ces observations constituent des pistes thérapeutiques pour limiter les épisodes de craving alimentaires. Il s’agirait d’aider les patients « à réguler leurs émotions négatives pour les éloigner de leurs pulsions ».
*Université de Salzbourg
**Technique utilisée en neurologie pour analyser la conduction nerveuse et musculaire
-
Source : Frontiers in Béhaviorale Neuroscience, 3 juin 2020
-
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet