Quel regard portent les Français sur la santé mentale ?
02 octobre 2024
La santé mentale a été élevée au rang de grande cause nationale 2025 par Michel Barnier. A cette occasion est publiée une enquête sur les Français et la santé mentale. Briser le tabou, les idées reçues et informer s’avère nécessaires.
« La santé mentale (…) est l’affaire de tous. Etat, collectivités, entreprises, associations, nous ferons de la santé mentale la grande cause de l’année 2025 ». Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Michel Barnier a confirmé que la santé mentale serait la grande cause nationale de l’année 2025.
« Les crises successives, notamment celle du Covid, ont eu un effet important et aggravant sur la santé mentale de beaucoup de Françaises et de Français. Les problèmes de santé mentale touchent un Français sur cinq et particulièrement les jeunes. L’impact sur les familles et sur les proches est immense. Les maladies psychiques sont le premier poste des dépenses de l’Assurance maladie. Ces maladies se soignent et la prévention est essentielle », a ajouté le successeur de Gabriel Attal, à la tribune de l’Assemblée nationale.
13 millions de personnes touchées
Cette labellisation doit permettre de braquer les projecteurs sur la santé mentale, c’était le souhait du Collectif grande cause santé mentale 2025, représentant de près de 3 000 structures exerçant dans le champ de la santé mentale. Celui-ci, en partenariat avec Elabe, vient de publier une enquête sur les Français et la santé mentale. Quels en sont les principaux enseignements ?
Chaque année, 13 millions de personnes en France, une sur 5, sont touchées par un trouble psychique. 2 Français sur 5 sont touchés par des problèmes de santé mentale : 18 % en sont atteints et 22 % déclarent avoir un proche atteint. Les jeunes adultes, 18-24 sont particulièrement concernés. 33 % d’entre eux déclarent être directement touchés, 49 % déclarent avoir un proche atteint.
La nécessité de changer le regard sur les troubles psychiques
De nombreux Français sont concernés de près ou de loin par des troubles psychiques, pourtant, le regard stigmatisant, jeté sur ces troubles, est alarmant. Ainsi :
- 36 % des personnes interrogées pensent que les personnes atteintes ne peuvent pas assumer de responsabilités familiales ;
- 33 % pensent qu’elles sont dangereuses ;
- 28 % qu’elles pourraient s’en sortir si elles le voulaient vraiment ;
- 26 % que consulter un professionnel est signe de faiblesse ;
- 22 % que les troubles psychiques ne sont pas vraiment des maladies ;
- 21 % que ces personnes ne peuvent pas travailler ;
- 16 % que les troubles psychiques sont signes de faiblesses.
En tout, 69 % des personnes interrogées sont d’accord avec au moins une des affirmations précédentes.
Une maladie qu’on cache
Le trouble psychique reste quelque chose qu’on cache pour de nombreux Français puisque 31 % d’entre eux n’en parleraient à personne s’ils étaient directement concernés. Et parmi les Français qui en sont atteints, 21 % n’en ont parlé à personne et 27 % en ont parlé mais n’ont pas été écoutés.
Par ailleurs, une majorité de Français s’estime mal informée sur les troubles psychiques, les symptômes, les traitements, les comportements à adopter et les professionnels à consulter. Pour exemple, 67 % ne connaissent pas les troubles psychiques et leurs symptômes, 66 % ne savent pas comment réagir si un proche souffre d’un trouble psychique, 63 % des parents ne connaissent pas les troubles qui peuvent concerner leurs enfants… Malgré cette méconnaissance, 80 % des Français jugent que l’investissement des pouvoirs publics n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Parmi les axes d’amélioration prioritaires, l’accès aux professionnels de santé et le dépistage précoce occupent les deux premières places.
Rappel : selon l’OMS, « un trouble mental se caractérise par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu. Il s’accompagne généralement d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants ». Quant à la santé mentale, il s’agit d’« un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
*Echantillon de 1 008 personnes, de 18 ans et plus, interrogées sur Internet du 27 au 28 février 2024.
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Source : Les Français et la santé mentale, Elabe, Alliance pour la santé mentale, 2024 – OMS
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet