Quelle sexualité avec la maladie de Crohn ?
08 septembre 2022
Maladie chronique de l’intestin qui évolue par poussées imprévisibles et d’intensité variable, la maladie de Crohn altère souvent la qualité de vie… dont la sexualité est une composante importante. Moyennant quelques ajustements, celle-ci est tout à fait envisageable pour les malades.
Avec la rectocolite hémorragique, la maladie de Crohn fait partie de la famille des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Si, dans le cas de la rectocolite hémorragique, l’inflammation est localisée au niveau du rectum et du côlon, dans la maladie de Crohn, elle peut atteindre n’importe quelle partie du tube digestif, entre la bouche et l’anus.
Le plus souvent détectée entre 15 et 30 ans, elle touche aussi bien les femmes que les hommes et se caractérise par des phases de poussées imprévisibles et des périodes de rémission plus ou moins longues. Lors des phases de poussées, les symptômes peuvent se révéler très handicapant pour la vie professionnelle, sociale et intime. Maux de ventre, nausées, diarrhées, brûlures d’estomac, renvois acides… sont les signes les plus fréquents.
1 femme sur 2 et 1 homme sur 6
Sans surprise, la dysfonction sexuelle est elle aussi courante chez les personnes atteintes de MICI : selon une récente étude relayée par l’Association François Aupetit (Apa), qui soutient et informe les patients, elle concernerait « près d’1 femme sur 2 et 1 homme sur 6 ». Fatigue, douleurs, gêne, image corporelle négative, stomie, baisse de la libido induite par les médicaments… expliquent largement ces difficultés à avoir des rapports sexuels satisfaisants.
Il est donc important de dépasser le tabou et d’ouvrir le dialogue avec son partenaire, indique l’Apa. Car les questions peuvent être nombreuses, particulièrement en période de poussée. Il ne faut pas non plus hésiter à aborder le sujet avec son gastroentérologue, notamment pour connaître les effets secondaires des traitements.
Anticiper le rapport sexuel
Efficaces pour contrôler la maladie, les anti-inflammatoires, immunosuppresseurs et traitements d’entretien peuvent effectivement avoir des effets visibles sur le corps. La première étape consiste donc à se le réapproprier, en prenant son temps. Lorsque vous vous sentez prêt, préparez vos moments d’intimité afin d’être dans la meilleure forme et le meilleur confort possible.
« Essayez de vider votre vessie et votre intestin avant », conseille l’Apa. « Utilisez, si besoin et sur les conseils de votre médecin, un ralentisseur du transit ». Puis, essayez différentes positions sexuelles, jusqu’à trouver celle qui vous sera la moins douloureuse et la plus confortable. Les positions qui entraînent le moins de pression abdominale sont particulièrement indiquées. Lubrifiants et accessoires sexuels peuvent également être utilisés… mais rappelez-vous que la sexualité ne se résume pas à la pénétration.
« Lorsque les rapports sont compliqués ou impossibles, maintenez la proximité et le contact physique avec votre partenaire et rappelez-vous que la peau représente le plus grand organe sexuel. Privilégiez alors étreintes, caresses, baisers ou massages », recommande l’Apa. L’association organise régulièrement des ateliers en visioconférence sur le sujet.
A noter : en France, la maladie de Crohn concerne environ 60 000 personnes. Ses causes sont encore floues, mais semblent multifactorielles, avec des composantes environnementales et génétiques.
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Source : Vidal, Association François Aupetit – Août 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche