Radiothérapie Flash : un espoir contre les cancers de mauvais pronostic

04 février 2025

L’Institut Curie a annoncé la future mise en service d’un irradiateur de faisceaux de très haute énergie dans le but de délivrer la radiothérapie Flash. Objectif : traiter des cancers de mauvais pronostics, inaccessibles. Explications.

La radiothérapie est l’un des piliers de la lutte contre le cancer. Traitement anticancéreux localisé, le principe est d’irradier les cellules cancéreuses pour les détruire. La radiothérapie Flash révolutionne ce traitement : frapper à plus haute dose dans un temps bien plus court.

En 2014, le Dr. Vincent Favaudon, chercheur radiobiologiste Inserm à l’Institut Curie démontre les bénéfices de l’effet Flash : des rayons très intenses dans un temps très court ont le même effet antitumoral mais épargnent les tissus sains et diminuent considérablement la durée des séances de traitement.

En radiothérapie conventionnelle, le débit de dose se situe autour du Gray par seconde avec des fractions quotidiennes de 2 grays cumulés, tandis que le Flash délivre une dose d’irradiation supérieure ou égale à 10 Gy pendant un temps très court inférieur à 100 millisecondes, soit 1 000 à 10 000 fois plus rapide que la radiothérapie conventionnelle.

Atteindre les tumeurs profondes

Le temps d’irradiation est primordial à si forte dose. Le Dr. Favaudon a en effet montré qu’une dose de 15 Gy dans un laps de temps conventionnel provoquait, dans le cadre d’une tumeur pulmonaire, une fibrose des poumons à moyen terme, ce qui n’est pas le cas avec le Flash. L’effet protecteur était également observé concernant la survenue d’autres effets secondaires comme l’apoptose (mort des cellules) ou encore les lésions cutanées.

En 2025, après des années de recherches pour consolider ces découvertes, les équipes de l’Institut Curie veulent aller plus loin : atteindre les tumeurs profondes, jusqu’à 20 à 30 centimètres à l’intérieur des tissus. Impossible avec les rayons d’électron basse énergie utilisés dans la radiothérapie.

L’idée ? Combiner le Flash avec la radiothérapie par électrons de très haute énergie (VHEE pour Very High Energy Electrons), 100 à 250 mégaélectronvolts (MeV) contre 10 MeV dans la radiothérapie conventionnelle. L’avantage de ces électrons ? La précision. Ils seraient capables de cibler ces cancers de mauvais pronostics, localisés à proximité d’organes vitaux jusqu’alors inaccessibles. Ils raccourciraient aussi la durée du traitement.

Des essais cliniques dès 2028 ?

C’est là qu’entre en scène le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Les électrons de très haute énergie nécessitent en effet l’installation d’un accélérateur de particules, technologie maîtrisée par le CEA. Porté par l’Institut Curie en collaboration avec le CEA, la première étape du projet FRATHEA sera la construction de la machine, l’irradiateur FLASH-VHEE à Orsay, site de l’Institut Curie spécialisé dans la radiothérapie. Des études précliniques seront ensuite menées pour démonter la sécurité et l’efficacité de procédé avec la volonté de démarrer les essais cliniques en 2028 auprès de patients touchés par des cancers de mauvais pronostic.

A terme, le Pr. Gilles Créhange, chef du département de radiothérapie oncologique de l’Institut Curie et coordonnateur du projet FRATHEA veut « pouvoir d’ici quelques années disposer d’une plateforme pour traiter les patients atteints de cancers les plus à risque et les plus inaccessibles. Mieux guérir, moins subir et mieux vieillir s’il fallait résumer tous les espoirs cliniques autour du FLASH ».

  • Source : Institut Curie

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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