Récidive du cancer de l’ovaire : bientôt un nouveau traitement prometteur
11 juillet 2023
La chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéal (Chip) fait déjà partie des options thérapeutiques dans le traitement du cancer de l’ovaire. Selon les résultats d’une étude, le procédé ferait également ses preuves contre la récidive de cette forme de cancer. Explications.
De nombreuses avancées thérapeutiques contre les cancers féminins ont été présentées lors de la réunion annuelle de l’Americain society of clinical oncology (Asco), au début du mois de juin, à Chicago (Etats-Unis). Parmi elles, les conclusions de l’étude CHIPOR dont les résultats ont été présentés par le Pr. Jean-Marc Classe chef de service de chirurgie oncologique à l’Institut de cancérologie de l’Ouest et investigateur coordonnateur de l’étude.
L’essai a été mené entre 2011 et 2021 dans 33 centres en France, Belgique, Canada et Espagne avec 415 patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire en récidive. Dans cet essai randomisé, un bras a bénéficié du traitement avec la chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéal (Chip), l’autre non. « La Chip est une technique qui existe depuis les années 90. L’intervention consiste en une laparotomie. On retire l’ensemble des tissus malades. Après cela, on ne referme pas. On laisse ouvert encore une heure durant laquelle on place de la chimiothérapie chauffée directement dans la cavité péritonéale, le péritoine étant cette couche qui tapisse les parois internes de l’abdomen », explique le Pr. Classe.
Déjà utilisée dans le traitement du cancer de l’ovaire
La Chip est utilisée contre certaines maladies péritonéales et fait déjà partie des options thérapeutiques dans le traitement du cancer de l’ovaire. Celui-ci étant souvent diagnostiqué à un stade avancé, avec une atteinte du péritoine. « La Chip permet de mieux traiter le péritoine alors que la chimiothérapie classique par intra-veineuse y parvient mal », précise le spécialiste.
Concernant la récidive du cancer de l’ovaire, dans 75 à 80 % des cas, celle-ci se situe essentiellement sur le péritoine. Alors que les ovaires ont été retirés lors d’une première intervention, les options thérapeutiques à disposition sont alors restreintes. « En 2009, on a émis l’hypothèse que la Chip pourrait fonctionner dans le traitement de ces patientes en récidive. En 2011, on débutait notre essai », se souvient le scientifique. « On a pu montrer que les chances de survie étaient plus élevées dans le bras traité avec Chip que dans celui sans Chip. Les patientes traitées sans la Chip ont 45 mois de médiane de survie, celle traitées avec Chip ont vu leur survie prolongée de près de 10 mois. »
Désormais, l’objectif est d’intégrer dans les prochains mois la Chip parmi les options thérapeutiques à disposition des soignants contre la récidive du cancer de l’ovaire. « Nos résultats demandent encore à être affinés mais ils sont extrêmement encourageants, avec une vraie amélioration des chances de survie chez les patientes atteintes de cancer de l’ovaire en récidive. Ils pourraient transformer la manière dont nous les traitons. En outre, le traitement par Chip n’altérerait pas leur qualité de vie », conclut le Pr. Classe.
A noter : En 2020, le nombre de nouveaux cas diagnostiqués de cancers de l’ovaire est estimé à 5 320, ce qui en fait la 9e cause de cancer chez la femme. Cette même année, 3 935 décès ont été recensés, soit la cinquième cause de mortalité par cancer. En cause, un diagnostic souvent tardif qui rend le diagnostic plus défavorable.