Des rejets de ruthénium considérables sur zone inconnue
10 novembre 2017
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Le 4 octobre, des traces de ruthénium 106, un contaminant radioactif, étaient détectées en France. Après enquête, l’origine n’a toujours pas été déterminée par les autorités de sécurité nucléaire. La contamination pourrait théoriquement exposer les populations à proximité du lieu d’origine de la fuite, à des dangers sanitaires.
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a mesuré « la présence de ruthénium 106 dans le sud-est de la France, entre fin septembre et début octobre 2017, à des niveaux cependant très faibles, de l’ordre de quelques microbecquerels par mètre cube (µBq/m3) ».
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a par ailleurs recueilli les mesures de ce radionucléide artificiel auprès de l’ensemble des pays membres. La valeur la plus élevée a été mesurée en Roumanie le 30 septembre 2017. Cependant, « aucun pays n’a, à l’heure actuelle, déclaré à l’AIEA être à l’origine de ce rejet, au titre de la convention de 1986 portant sur la notification rapide d’un accident nucléaire », déplore l’IRSN.
Un accident mais pas dans une centrale nucléaire ?
Carte montrant la zone plausible de rejet du ruthénium. ©IRSN
Toutefois, grâce à des simulations, l’institut français a pu déterminer que « l’origine la plus probable de ce rejet [était] le sud de l’Oural, sans qu’il soit possible de donner davantage de précisions ». Autre information d’importance, la « quantité de ruthénium 106 dispersée permet d’estimer que ce rejet serait dû à un accident ».
Toujours selon l’IRSN, « l’absence de tout autre radionucléide artificiel conduit à écarter l’hypothèse d’un rejet issu d’un réacteur nucléaire ». En revanche, « un tel rejet pourrait résulter d’une activité de retraitement de combustibles nucléaires usés ou d’une activité de production de sources radioactives ».
Des quantités non négligeables
« Pour la zone de rejet la plus plausible, la quantité de ruthénium-106 rejetée estimée par les simulations est très importante, comprise entre 100 et 300 térabecquerels », indique l’institut. Pour la CRIIRAD, il s’agit « d’une quantité colossale ». En effet, « 300 mille milliards de becquerels est un chiffre, à titre de comparaison, 375 000 fois supérieur au rejet annuel maximal autorisé de la centrale nucléaire de Cruas* ».
L’IRSN note d’ailleurs que « du fait des quantités rejetées, les conséquences d’un accident de cette ampleur en France auraient nécessité localement de mettre en œuvre des mesures de protection des populations sur un rayon de l’ordre de quelques kilomètres autour du lieu de rejet ».
Inquiétude pour les populations exposées
Pour autant, l’IRSN considère, « d’une part que la probabilité d’un scénario qui verrait l’importation en France de denrées (notamment des champignons) contaminées par du ruthénium-106 à proximité de la source de rejets est extrêmement faible ». D’autre part, « le risque sanitaire potentiel lié à ce scénario est lui aussi très faible ». Par conséquent, « il n’apparait pas nécessaire de mettre en place des contrôles systématiques de la contamination des denrées importées ».
Pour la CRIIRAD, malgré la fin de l’épisode et « même si elles sont déjà tardives », il est « indispensable de déterminer précisément l’origine des rejets et faire en sorte que les populations proches bénéficient de mesures de protection ». Incluant les habitants, les touristes et les passagers des avions survolant potentiellement la zone.
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Source : ASN, 9 novembre 2017 – CRIIRAD, 10 novembre 2017
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet