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Non, l’imprégnation hormonale ne protège pas la femme enceinte des symptômes dépressifs. Et la dépression n’attend pas le post-partum pour survenir. Ces idées reçues, qui ont longtemps eu la vie dure, ont déjà été balayées par plusieurs études. Une dépression peut se développer pendant la grossesse, que la mère ait déjà été touchée ou non par cette pathologie. Et affecter son bébé.
Mais est-il trop tard pour intervenir lorsqu’une dépression apparaît pendant la grossesse ? Le mal est-il déjà fait ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs de l’Université du Queensland, en analysant les données de 892 mères et 978 enfants, recueillies entre 1996 et 2015 pour les mères, et 2016-2017 pour les enfants. Les résultats de leur étude ont été publiés dans le Journal of Paediatric and Perinatal Epidemiology.
Parmi les mères étudiées, 16,9% ont déclaré avoir connu des symptômes dépressifs avant la grossesse, 13,2% pendant et 16,5% après. Du côté des enfants, âgés de 2 à 12 ans, 7% présentaient des niveaux élevés à très élevés de problèmes comportementaux, avec des risques pour le développement de leurs compétences sociales (15,9%) et pour leur maturité émotionnelle (15,7%).
Le Dr Katrina Moss, l’une des auteures, observe que « plus la mère a souffert longtemps de dépression maternelle, moins les résultats sont bons pour l’enfant ». Pour autant, les mères ne doivent pas craindre qu’une dépression survenue pendant leur grossesse ait des conséquences irréversibles : « réduire les symptômes de la dépression à tout moment est préférable pour elles et leurs enfants ; plus tôt nous pouvons détecter et traiter efficacement la dépression maternelle, meilleures sont nos chances d’améliorer les résultats ». Le Dr Moss suggère que le dépistage de la dépression maternelle puisse commencer dès lors qu’un couple planifie une grossesse. Et se poursuivre pendant la période périnatale et la petite enfance.
A noter : Ces conclusions confirment et complètent une étude de cohorte française, dont les résultats avaient été présentés à l’occasion du congrès français de psychiatrie en 2015. Les chercheurs concluaient notamment que « la dépression maternelle chronique a un impact sur le développement cognitif et émotionnel de l’enfant, même quand les symptômes dépressifs sont d’un niveau intermédiaire ». Ils précisaient notamment qu’« à l’âge de 5 ans et demi, les enfants de mères ayant des symptômes dépressifs élevés et persistants montrent des scores de QI verbal, QI de performance et QI total réduits par rapport aux enfants de mères jamais déprimées ».
Source : Journal of Paediatric and Perinatal Epidemiology, consulté le 15 juin 2020
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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