Retour au travail après un cancer : comment accueillir votre collègue ?

17 avril 2024

Après un arrêt de travail plus ou moins long pour traiter un cancer, votre collègue va reprendre son poste. Vous vous demandez sûrement comment vous adresser à elle ou à lui ? Que faut-il dire ? Et quels écueils éviter ? Julie Daul, psychologue du travail pour la Ligue nationale contre le cancer donne quelques pistes.

Environ 40 % des diagnostics de cancers concernent des personnes en âge de travailler. Et heureusement, il est aujourd’hui possible de soigner et parfois guérir une proportion de plus en plus grande de ces maladies. Résultat, de nombreux travailleurs reprennent le chemin du bureau après une période d’arrêt et de traitements. Les collègues se trouvent alors souvent démunis. Que faut-il dire ? Qu’ai-je le droit de demander ? Comment ne pas le mettre mal à l’aise ?

Même si vous avez naturellement envie de trouver le bon mot ou encore le bon geste, sachez que parfois le mieux est « de ne rien dire », assure Julie Daul, psychologue du travail pour la Ligue nationale contre le cancer. « Une écoute bienveillante est plus importante que de trouver la bonne phrase », estime-t-elle. Car « on peut tout à fait ne pas avoir de mots face à certaines situations ». Et c’est bien naturel.

Eviter les maladresses

Il existe néanmoins des écueils à éviter. « Les phrases comme ‘les vacances sont finies’ peuvent vraiment blesser », note-t-elle. L’interrogation automatique ‘ça va ?’ qui n’attend pas réellement de réponse doit aussi être évitée. Préférez-lui une question plus précise : ‘comment ça va aujourd’hui ?’ ou ‘comment tu te sens aujourd’hui ?’ Car « en lui donnant une temporalité, vous indiquez à votre interlocuteur que vous souhaitez vraiment connaître la réponse à cette question », explique-t-elle.

Autre écueil fréquent : dire à la personne qu’elle a bonne mine. Vous voulez sans doute lui faire un compliment. Mais celui-ci peut avoir l’effet inverse car la personne a sans doute tout fait pour avoir l’air le moins fatigué possible. Or la fatigue est un des principaux effets indésirables des traitements du cancer. Et le fait de lui en parler la ramène à sa maladie.

Enfin – et même si cela semble relever du bon sens – évitez de dire ‘nous aussi on est fatigués, surtout qu’on a dû reprendre toute ta charge de travail pendant ton absence’. Parfois il vaut définitivement mieux ne rien dire.

  • Source : Interview de Julie Daul, psychologue du travail, Ligue nationale contre le cancer, 11 avril 2024

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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