Le retour en grâce du beurre ?
06 octobre 2016
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Sur le plan métabolique et cérébral, les lipides constituent de précieux alliés pour la santé. Mais dans l’opinion publique, les apports en graisses sont encore mal perçus. Les acides gras saturés contenus notamment dans le beurre sont souvent évincés d’une alimentation équilibrée. A tort ou à raison ? Des chercheurs américains et australiens se sont penchés sur la question.
Accusés d’augmenter le taux de mauvais cholestérol et donc le risque cardiovasculaire, les acides gras saturés sont souvent l’ennemi des régimes équilibrés. La plupart des recommandations officielles limitent en effet la consommation des produits qui en contiennent, comme le beurre par exemple. Et privilégient les acides gras insaturés, comme les huiles végétales ou les omegas 3 et 6.
Le beurre pris pour cible ?
Pour autant, faut-il continuer de considérer le beurre comme la bête noire de l’équilibre nutritionnel ? Pour y voir plus clair, des chercheurs américains et australiens* ont passé au crible 9 méta-analyses. Publiés entre 2005 et 2015, ces travaux se basent sur 40 années de relevés portant sur l’incidence des maladies chroniques majeures en fonction de la consommation de beurre.
Les 636 151 volontaires étaient âgés de 44 à 71 ans. « Au total, 9 783 patients ont souffert d’une maladie cardiovasculaire, un diabète a été diagnostiqué auprès de 23 954 patients. Et 28 271 des participants sont décédés », expliquent les auteurs. En y regardant de plus près, les liens entre consommation de beurre et taux de mortalité sont extrêmement minces. « Manger l’équivalent d’une cuillère à soupe par jour augmente le risque de décès toutes causes confondues de 1% ». Un pourcentage minime donc. Et si l’on va dans le détail : la consommation de beurre n’a aucun effet sur les maladies cardio-vasculaires et diminue de 4% le risque de diabète.
Sortir de l’acharnement lipidique
Couplé à une alimentation équilibrée et consommé avec modération, le beurre n’engage donc pas le pronostic vital. « Pour expliquer la survenue des maladies cardiovasculaires et autres maladies chroniques, la science a en effet tendance à accuser un facteur de risque isolé », étayent les scientifiques. On sait pourtant que « ces pathologies sont multifactorielles ». S’acharner sur la consommation d’un seul aliment nourrit la controverse qui, bien souvent, induit les consommateurs en erreur. D’autant plus que comme toujours, c’est l’excès qui est délétère. L’idée est donc de relativiser : le plus équilibré des régimes nutritionnels consiste en effet à manger un peu de tout en quantité raisonnable, tout en misant sur la variété des apports.
*Friedman School of Nutrition Science & Policy (Boston, USA), The George Institute for Global Health (Université de Sydney, Australie), Cardiovascular Medicine, Stanford School of Medicine (Californie, USA)
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Source : PLOS One, de Laura Pimpin, Jason H.Y. Wu, Hila Haskelberg, Liana Del Gobbo, Dariush Mozaffarian, étude publiée le 29 juin 2016, consulté le 14 septembre 2016
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet