Risque de méningiome et progestatifs en contraception orale : les données sont rassurantes
19 décembre 2024
D’après l’étude “Contraception orale et risque de méningiome” d’EPI-PHARE, les femmes utilisant une contraception orale à base de lévonorgestrel sont à l’abri d’un sur-risque de méningiome. Quant à celles qui utilisent de manière prolongée et au-delà l’âge de 45 ans une contraception contenant uniquement du désogestrel, ce sur-risque reste très faible.
Le 18 décembre 2024, le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE réunissant la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a présenté les résultats de sa dernière étude « Contraception orale et risque de méningiome » sur le risque de survenue de cette tumeur généralement bénigne des méninges (membranes enveloppant le cerveau et la moelle épinière) lié à l’exposition à un progestatif en contraception orale.
Les conclusions indiquent l’absence de sur-risque de méningiome chez les femmes utilisant une contraception contenant du lévonorgestrel, seul ou en combinaison avec de l’éthinylestradiol (ce dérivé de synthèse de l’estradiol est l’estrogène le plus couramment prescrit dans le monde). De plus, l’étude relève une augmentation très faible du risque pour les contraceptions à base de désogestrel seul, en cas d’utilisation prolongée chez les femmes de plus de 45 ans. En somme, des données rassurantes.
Pourquoi était-il important d’évaluer le risque de méningiome lié aux progestatifs contraceptifs ?
L’étude menée par EPI-PHARE s’inscrit dans la continuité des recherches ayant établi un lien entre certains progestatifs (non contraceptifs) et le risque de méningiome. Ces travaux avaient déjà mis en évidence ce risque pour des molécules comme l’acétate de cyprotérone (Androcur), l’acétate de chlormadinone (le Lutéran qui n’est plus commercialisé), le nomégestrol (Lutényl, dans les fibromes, syndrome prémenstruel), l’acétate de médroxyprogestérone (Dépo Provéra), la médrogestone (Colprone) et la promégestone (Sugestone).
L’étude « Contraception orale et risque de méningiome » dans le détail
L’étude présentée analyse en conditions réelles le risque de méningiome intracrânien ayant nécessité une intervention chirurgicale entre 2020 et 2023, associé à l’utilisation de certains progestatifs contraceptifs. Les molécules étudiées incluent le désogestrel (75 µg), le lévonorgestrel (30 µg) et la combinaison lévonorgestrel-éthinylestradiol (50-150 µg), des contraceptifs oraux largement utilisés en France. L’étude s’appuie sur les données du Système national des données de santé (SNDS). Au total, 8 391 femmes opérées d’un méningiome intracrânien en France entre 2020 et 2023 ont été incluses dans cette analyse.
Conclusions : l’utilisation de lévonorgestrel, seul ou en combinaison avec l’éthinylestradiol, n’est pas associée à une augmentation du risque de méningiome intracrânien, indépendamment de la durée d’exposition.
67 000 femmes utilisatrices pour un cas de méningiome opéré
En revanche, une augmentation très faible du risque a été identifiée chez les femmes de plus de 45 ans utilisant des contraceptifs à base de désogestrel seul dosé à 75 µg lors d’une utilisation prolongée. Ce risque devient perceptible après 5 ans d’utilisation et double au-delà de 7 ans d’exposition. Malgré cela, le risque associé au désogestrel reste nettement inférieur à celui rapporté avec l’utilisation de l’acétate de cyprotérone (Androcur), de l’acétate de chlormadinone (Lutéran) ou du nomégestrol (Lutényl). Pour se faire une idée, l’étude estime qu’un cas de méningiome intracrânien opéré survient pour 67 000 femmes exposées au désogestrel, tous usages confondus, et un cas pour 17 000 femmes ayant une exposition dépassant 5 ans.
Quelles recommandations pour les femmes ?
Pour les femmes utilisant une contraception contenant du désogestrel, comme Antigone, Optimizette, Cérazette, Elfasette ou Désogestrel 75 µg, une augmentation très faible du risque de méningiome est observée en cas d’utilisation prolongée chez les femmes de plus de 45 ans.
Dans l’attente de mesures de réduction du risque à venir début 2025, les experts émettent des recommandations préliminaires adressées aux femmes concernées :
· Ne cessez pas votre contraception sans avis médical.
· Consultez un médecin, gynécologue ou sage-femme si vous présentez des symptômes tels que :
– maux de tête fréquents ;
– troubles visuels ;
– faiblesse ou paralysie des membres ;
– troubles du langage ou de l’audition ;
– troubles de l’odorat ;
– convulsions ;
– troubles de la mémoire ;
– vertiges.
Une IRM pourra être envisagée en fonction de vos symptômes.
· En cas de découverte d’un méningiome, la contraception doit être arrêtée en concertation avec un professionnel de santé, et un avis neurochirurgical est indispensable.
· Si vous avez des antécédents de méningiome ou si un méningiome est diagnostiqué, évitez toute contraception progestative ou traitement progestatif.
· Informez systématiquement votre médecin ou sage-femme de vos antécédents de traitement progestatif.
· Pour toutes les femmes, quelle que soit la contraception, une réévaluation annuelle de la contraception est nécessaire jusqu’à la ménopause.
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Source : Contraception orale progestative et risque de méningiome intracrânien Une étude cas-témoins à partir des données du système national des données de santé (SNDS) 19 décembre 2024, CNAM-ANSM : EPI-PHARE.COM ; communiqué de presse ANSM du 19/12/24
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet