Rugby : le cerveau trinque
27 mai 2015
Au rugby, les chocs à la tête laisseraient des traces, à long terme… ©Phovoir
A l’image des boxeurs, les rugbymen sont-ils particulièrement exposés à ce que les spécialistes appellent une encéphalopathie traumatique chronique (ETC) ? Une équipe écossaise vient en effet de mettre en évidence ce qui serait un premier cas de cette maladie neurodégénérative chez un professionnel du ballon ovale. Lequel est décédé.
A la fin des années 20, un médecin américain, Harrison Martland a publié les premières études relatives à la santé cérébrale d’anciens boxeurs qui présentaient des troubles moteurs des membres inférieurs, des tremblements et des troubles cognitifs susceptibles de conduire à la démence. Il parlait à l’époque de syndrome du Punch Drunk.
Vingt ans plus tard en 1947, à partir de ces symptômes, le Pr Macdonald Critchley est le premier à parler d’encéphalopathie traumatique chronique. Les cas décrits concernent alors des boxeurs jusqu’aux années 2000. Ensuite des footballeurs américains apparaissent dans les études scientifiques.
Pour la première fois, un cas d’ETC vient d’être décrit chez un ancien joueur de rugby britannique. Il est rapporté par le Dr Michael Farrell et son équipe du Southern General Hospital de Glasgow (Ecosse), dans la revue Quarterly Journal of Medicine (QJM). « Ce patient avait commencé le rugby au début de son adolescence et a joué à un haut-niveau national durant de nombreuses années », explique le médecin. « Il est décédé à l’âge de 57 ans et le diagnostic d’ETC a été posé post-mortem. Sa famille nous avait expliqué qu’il avait été victime de nombreux traumatismes au niveau de la tête au cours de sa carrière. Il présentait aussi des troubles neurologiques. »
Répétition des chocs
L’ETC se caractérise également par une masse cérébrale diminuée et une accumulation de la protéine Tau dans certaines parties du cerveau comme le cortex. Cet amas entraîne une dégénérescence cellulaire, comme c’est le cas dans la maladie d’Alzheimer. Non régulée, la protéine finit en effet par produire des microtubules, des filaments qui asphyxient les neurones et provoquent leur mort.
En conclusion de leur travail, les médecins appellent leurs confrères mais aussi les instances sportives du rugby à se pencher sur la question des chocs au niveau de la tête. Surtout lorsqu’ils sont répétés, avec ou sans perte de conscience. Susceptibles d’entraîner des traumatismes crâniens, ils auraient bien de lourdes conséquences au niveau du cerveau.
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Source : Quartely Journal of Medicine, 22 mai 2015 - Congrès de la SFNC - Bordeaux - Neurochirurgie 2013
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Dominique Salomon