Sclérose en plaques : un traitement pour retarder les premiers symptômes
10 mai 2023
Un médicament serait capable de retarder l’évolution des symptômes liés à la sclérose en plaques (SEP). Faisons le point sur cette approche alors qu’aucun traitement ne permet aujourd’hui de guérir de cette maladie auto-immune.
Maladie affectant le système nerveux central, la sclérose en plaques concerne 110 000 patients en France. Dans cette pathologie, le système immunitaire atteint la myéline, cette gaine blanche qui isole et protège les nerfs et se trouve donc atteinte dans son fonctionnement.
Selon les cas, les patients éprouvent différents symptômes moteurs (faiblesse dans les jambes, les bras, troubles de la marche, mouvements anormaux), sensitifs (engourdissements, fourmillements…), visuels, vestibulaires (vertiges, troubles de l’équilibre), urinaires (envies fréquentes, impérieuses, ou à l’inverse des difficultés à uriner) sexuels (baisse de la libido) et/ou cognitifs (troubles de l’attention, de la concentration, de la mémoire et ralentissement du processus de réflexion, épisodes dépressifs).
A ce jour, les traitements indiqués ne permettent pas de guérir les patients. Mais grâce à leur pouvoir immunomodulateurs/suppresseurs, ces derniers ralentissent la progression de cette pathologie en espaçant les poussées*, et en limitant leur intensité. Les corticoïdes sont également prescrits pour apaiser les symptômes aigues survenant pendant une crise.
Indiquer le tériflunomide en fonction des résultats de l’IRM
Selon des chercheurs de l’American Academy of Neurology, un traitement serait en mesure de retarder l’apparition des premiers symptômes de la SEP, s’il est prescrit très précocement. Il s’agit du tériflunomide. Ce dernier « pourrait retarder l’apparition des premiers symptômes chez les personnes dont les examens d’imagerie par résonance magnétique (IRM) révèlent des signes de SEP, même si elles ne présentent pas encore de symptômes de la maladie ». La seule apparition de lésions à l’IRM peut révéler une SEP.
Pour prouver cette efficacité, l’équipe française du Pr Christine Lebrun Frenay** (hôpital universitaire de Nice) a suivi 89 personnes porteuses de ces lésions évocatrices de la SEP. La moitié des volontaires s’est vu administrer une dose quotidienne de 14 mg de tériflunomide, sur une durée de deux ans. Le groupe contrôle n’a reçu aucune médication.
72% de risques en moins de présenter les premiers symptômes
Après élimination de certains facteurs ayant pu influencer ces résultats, les scientifiques ont calculé « que les personnes prenant le tériflunomide avaient 72 % de risques en moins de présenter les premiers symptômes que celles qui prenaient le placebo ».
Cette prescription précoce peut être facile d’accès étant donné que « de plus en plus de personnes passent des scanners cérébraux pour diverses raisons, telles que des maux de tête ou des traumatismes crâniens ». L’occasion « de découvrir un plus grand nombre de ces cas, et beaucoup de ces personnes développent ensuite une SEP », déclare le Pr Lebrun Frenay. Et « plus tôt une personne peut être traitée pour la SEP, plus grandes sont les chances de retarder la détérioration de la myéline, ce qui diminue le risque de déficience neurologique permanente et de symptômes débilitants ».
Et après ?
Reste que cette approche n’est pas encore proposée en routine. Deux points de vigilance restent en suspens :
- Le petit nombre de patients inclus dans l’étude et le manque de recul sur ces données. De plus amples travaux devront être menés pour « confirmer nos résultats», indique le Pr Lebrun Frenay ;
- L’importance de sensibiliser davantage les soignants à l’utilisation de l’IRM, « pour diagnostiquer cette maladie, en ne sélectionnant que les patients à risque de développer une SEP et en n’augmentant pas les erreurs de diagnostic par IRM », conclut-elle.
*dans les formes dites rémittentes de la maladies caractérisées par la survenue progressive de poussées, contrairement à la forme progressive d’emblée associée à une complication lente mais sans interruption des symptômes
** membre de l’Académie américaine de neurologie
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Source : Brain & Life, le 19 avril 2023 – Inserm.fr, Ameli.fr, sites consultés le 25 avril 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet